Alain Juppé se démarque de Nicolas Sarkozy mais durcit son discours

Alain Juppé, favori des sondages pour la primaire de droite et la présidentielle de 2017, est attendu le 31 janvier à Alger, pour son premier voyage à l’étranger. TSA lui consacre une série d’articles cette semaine.

Apaisement. Cela semble un terme clé du discours d’Alain Juppé. Il évite ainsi les sujets qui portent à la polémique. Il rejoint néanmoins le large consensus de la droite pour une réduction de l’immigration en France. Ce qui ne l’empêche pas de prendre parfois des positions surprenantes voire hardies, par rapport à son propre camp.

Ainsi, constatant que la proposition de François Hollande d’une extension de la déchéance de nationalité, via une réforme constitutionnelle, divisait la gauche et ralliait plutôt la droite, il n’a pas hésité à prendre une position critique vis-à-vis de ce projet de réforme : « Ce n’est pas une réforme utile. Son efficacité sera faible, voire nulle. Elle ne permettra pas de prévenir de nouveaux actes terroristes, elle ne dissuadera aucun djihadiste de se faire sauter ».

Mais pour l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac, c’est même bien plus que cela. Il y voit « un coup politique de François Hollande pour semer de la confusion dans le débat. De ce point de vue, c’est plutôt réussi ! Mais dans un moment où notre pays a besoin d’unité et d’apaisement, c’est un acte de mauvais gouvernement ».

Ira-t-il jusqu’à voter contre le projet ? Pas tout à fait. Il y sera favorable « à condition que le texte définitif se limite aux incriminations déjà prévues dans le Code civil pour la déchéance des Français binationaux naturalisés ». C’est d’ailleurs le cas dans le projet de loi préparé par l’Exécutif, qui nécessite, pour être définitivement voté, une approbation des 3/5e du Parlement réuni en Congrès et donc une partie des voix de droite.

Un discours musclé sur l’immigration

Sur la question de la sécurité et de l’immigration en revanche, Alain Juppé grille la politesse à Nicolas Sarkozy : en publiant début janvier son deuxième livre consacré à son programme politique, Pour un État fort, il empiète avec cet ouvrage sur deux des domaines de prédilection la sécurité et l’immigration de son principal adversaire, l’ancien président qui souhaite le redevenir.

Les vingt mesures qu’il prône témoignent d’un net virage à droite sur la question toujours sensible de la sécurité : suppression des réductions automatiques de peine, rétablissement des peines plancher, simplification des procédures pénales, des moyens supplémentaires données à la police, redéfinition de la légitime défense des forces de l’ordre, développement de la « rétention administrative », rétablissement de la suspension des allocations familiales des parents d’enfants absentéistes. Une mesure qu’il souhaite étendre aux géniteurs de « petits trafiquants de drogue ».

Moins d’immigrés et choisis sur des quotas par nationalité

Même fermeté sur les questions relatives à l’immigration. Inspiré par son séjour au Canada, Alain Juppé prône « un vote annuel par le Parlement de quotas d’immigration et un système par points permettant de qualifier les entrants ».

Il souhaite en outre durcir les conditions du regroupement familial. « Pour accueillir sa famille, il faudra avoir les revenus nécessaires, mais des revenus du travail et non une allocation-chômage », considère-t-il. Pour assurer la reconduite à la frontière des étrangers en situation irrégulière, Alain Juppé souhaite autoriser le placement des familles en rétention administrative, y compris les enfants.

Le maire de Bordeaux souhaite que le droit du sol ne bénéficie plus aux enfants nés en France de parents étrangers en situation irrégulière. Ces enfants acquièrent aujourd’hui la nationalité française à leur majorité, sous condition de résidence.

On est bien loin de l’apaisement…

Sur la question de la laïcité, il rappelle toutefois son opposition à la suppression des repas de substitution dans les cantines scolaires ou à l’interdiction du voile à l’université deux différences avec Nicolas Sarkozy.

Sur la place de l’islam en France, Alain Juppé souhaite instaurer un « pacte » avec les musulmans, relatif au financement des lieux de culte ou à la formation des imams.

Schengen, la place de l’islam…

L’ancien Premier ministre prend également ses distances sur les dernières propositions de Nicolas Sarkozy sur l’immigration : il serait, selon le Figaro, « circonspect sur le rétablissement immédiat des contrôles aux frontières. Il pense que la mesure peut être nécessaire, comme dans la crise actuelle, mais qu’elle doit être ‘temporaire’ ».

Tout en reconnaissant que « Schengen ne fonctionne pas correctement », il s’interroge sur le « contenu » du Schengen II souhaité par le président de Les Républicains. Il serait de même très réservé sur la suppression de l’AME (Aide médicale d’État, réservée aux étrangers en situation irrégulière) et sur les cinq ans de séjour légal que Sarkozy voudrait imposer avant le versement de prestations sociales aux étrangers en situation régulière.

« Nous avons besoin de tout sauf de textes supplémentaires », affirme-t-il. Enfin, il refuse d’opposer « assimilation » et « intégration », en expliquant : « Si par assimilation, on veut signifier que ceux qui veulent devenir Français doivent assimiler nos valeurs (…) et respecter notre culture, on ne peut être que pour. S’il s’agit de nier les différences ou l’identité de chacun, le terme n’a pas de sens. »

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