«L’arrestation de Mohamed Fali est surprenante»

Asif Arif, se dit «surpris par cette nouvelle arrestation du chef des Ahmadis en Algérie, Mohamed Fali». Selon lui, cette arrestation contredit les déclarations du ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, «qui avait affirmé que la question des Ahmadis faisait partie du passé et que le dossier est clos». Le premier responsable des Ahmadis en Algérie, Mohamed Fali, a été arrêté hier (avant-hier, ndlr) à Aïn Sefra (ouest du pays). Quelle est votre réaction ? Evidemment que nous sommes particulièrement surpris et attristés. Mais nous nous en remettons à Dieu et nous acceptons patiemment cette épreuve. Nous invitons tous les Ahmadis à prier pour Mohamed Fali. Concernant la décision en elle-même, elle nous apparaît comme particulièrement surprenante dans la mesure où Mohamed Aïssa, ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, affirmait lui-même que la question des Ahmadis faisait désormais partie du passé et que le dossier était clos. Or, on remarque que les répressions ne s’arrêtent pas. La question de fond demeure toujours inchangée : quand est-ce que le décret sur l’organisation des religions va paraître afin que les Ahmadis puissent enfin réclamer leur liberté d’association ? Nous sommes tristes de voir que l’Algérie emprunte en réalité le fossé creusé par l’Arabie Saoudite en 1973 et par le Pakistan en 1974. Cela est foncièrement dommage, car nous pensons que l’Algérie est capable de faire œuvre de liberté de religion. Nous n’aurons de cesse de répéter que l’Ahmadiya est un mouvement qui se réclame de l’islam et qui est pacifique. Il suffit simplement que le gouvernement fasse l’effort de nous comprendre. Cela passe par un dialogue entre personnes sensées et non pas par des arrestations arbitraires et des traductions devant les tribunaux. Vous avez adressé, récemment, une lettre aux autorités algériennes dans laquelle vous évoquez la situation de cette communauté religieuse. Avez-vous reçu une réponse officielle ? J’ai effectivement écrit à Monsieur le ministre en le sollicitant de m’accorder une audience et de s’assurer que mon visa sera valable si je viens à sa rencontre. Ce qui est particulièrement dommage, c’est que le ministre n’a même pas pris la peine de me répondre. Je ne suis pas simplement un Ahmadi, je suis quelqu’un d’engagé dans beaucoup de combats en rapport avec l’islam. Je pensais que le ministre allait me répondre. Il ne sera jamais trop tard pour qu’il nous réponde, surtout qu’il existe désormais des contradictions dans ses déclarations. Les autorités algériennes reprochent notamment à cette communauté ses liens avec des parties étrangères. Qu’en pensez-vous ? Il est intéressant de noter l’évolution du ministre des Affaires religieuses sur le sujet. Alors qu’il affirmait qu’il existait une connivence entre les Ahmadis et certains pays, il a subitement changé de position en estimant que ces considérations ont peu d’importance. Concernant cette supposée appartenance ou connivence avec des «parties étrangères», le reproche est constant, mais souffre de plusieurs imprécisions notoires : d’abord, pour accuser une association d’entretenir des liens avec une tierce partie, cela suppose que l’on dispose d’une preuve tangible et implacable soutenant clairement que l’on peut démontrer un tel lien d’amitié ou de parenté. En d’autres termes et pour ne prendre qu’un exemple, on ne confirmera que vous êtes le père d’un enfant que si vous faites une reconnaissance de paternité et que vous démontrez que vous l’êtes. En réalité, il n’y a aucune preuve d’un tel lien car il n’existe pas ! Ensuite, le fait que la communauté ahmadiya invite souvent des leaders politiques pour certains événements (colloque pour la paix, par exemple) ne veut pas pour autant dire que l’on entretient des liens avec eux. Le gouvernement algérien reçoit bon nombre d’invités sans pour autant entretenir des liens particuliers avec eux. Il s’agit d’une question de logique et de bon sens. Enfin, cette controverse permet simplement de nourrir une confusion dans le débat sur la liberté religieuse. La question est pourtant simple : en application du principe de liberté de religion, les Ahmadis devraient être libres de prêcher, de s’installer et de percevoir des dons à condition qu’ils ne portent pas atteinte à l’ordre public. Jusqu’où l’Etat algérien est-il prêt à nous la concéder ?

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