Le documentaire « Roi du Maroc, le règne secret » diffusé jeudi soir sur la chaîne française France 3, dresse un portrait très peu flatteur du royaume marocain ainsi que son souverain, Mohammed VI. Derrière le masque d’un roi progressiste et tourné vers la modernité, se cacherait selon le documentaire un homme tourné vers les affaires et qui exige l’obéissance aveugle de ses sujets, qui l’élèvent au rang de dieu parmi les Hommes en se prosternant devant lui chaque année telle une divinité lors du rituel de la Bay’a.
Le documentaire parle de ce qu’il décrit comme « l’appétit pour les affaires » de Mohamed VI. Le développement de la Holding Royale, espérée par le peuple comme pouvant servir de locomotive de l’économie nationale, a laissé place à la « dérive affairiste ».
Des sujets devenus clients
« À la fin des années 2000, les sujets de sa Majesté sont devenus ses clients », explique le documentaire. « Le sucre que vous mettez dans votre café c’est le roi (cosumar), le lait que vous mettez dans votre café c’est Centrale laitière où le roi était associé à Danone, la voiture que vous prenez vous l’avez probablement achetée à Autoaule qui appartient à la famille royale. Vous avez financé votre voiture en prenant un prix à Tijara Wafa Bank, vous l’avez assurée en prenant un prêt à Tijari Wafa Assurance… Vous pouvez vivre pratiquement en consommant des produits qui sont vendus par les entreprises du roi », détaille Aboubakr Jamaï, journaliste en exil en France.
Un conflit d’intérêts « manifeste ». « Quand on est le roi et qu’on possède autant d’intérêts économiques il ne peut y avoir une très grande tentation d’utiliser les leviers du pouvoir pour favoriser ses affaires », explique dans le documentaire Ahmed Benchemsi, journaliste marocain en exil à Washington. Le documentaire met notamment le doigt sur le secteur de l’agriculture, où l’entreprise royale est le premier producteur et le premier exportateur du Maroc. Curieusement, le secteur de l’agriculture est totalement exonéré d’impôts.
Libertés en recul, les militaires achetés
Le roi Mohamed VI fera également machine arrière concernant la liberté d’expression de la presse dans son pays, décidant de revenir aux préceptes de son défunt père, raconte le documentaire. Plusieurs journalistes auront ainsi été dans l’obligation de prendre le chemin de l’exil. Alors que « Hassan II faisait des choses à la manière du XXe siècle, c’est-à-dire brutale avec des assassinats, Mohamed VI le fait à la manière du XXIe siècle. Au lieu de te séquestrer, Mohamed VI va ordonner aux tribunaux à ne pas exercer comme dans mon cas pendant dix ans la profession de journaliste », explique Ali Lemrabet, journaliste en exil à Barcelone.
Le documentaire s’attarde également sur l’accord entre le roi Hassan II et les chefs militaires marocains, où Hassan II propose explicitement à ces derniers de « faire de l’argent et oublier la politique ». Un « pacte de corruption » qui va entraîner de nombreuses dérives observées au sein des Forces armées royales.
Le documentaire dresse enfin le portrait d’un développement économique au Maroc trompeur, où la fortune du roi Mohamed VI ne cesse d’augmenter tandis que la population du pays ne cesse de s’appauvrir. Le documentaire montre en outre que les réformes entreprises par le roi Mohamed VI en réponse au Printemps arabe marocain ne sont en fait qu’un trompe-l’œil, où l’illusion de démocratie a continué de permettre au roi marocain de poursuivre sa dérive affairiste vers de nouveaux secteurs, tels que les énergies renouvelables.
Les bénéfices de la Holding royale n’ont dans les faits jamais cessé d’augmenter, affirme le documentaire. La nouvelle constitution annoncée par Mohamed VI ne sera elle aussi qu’un « leurre », le roi marocain conservant jusqu’à ce jour tous les pouvoirs réunis autour de sa personne. Mohamed VI reste « l’arbitre suprême » du pays, tandis que sa fortune est estimée par Forbes à 5,7 milliards de dollars, conclut le documentaire.
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