Chawki Mostefaï inhumé au cimetière de Aïn Benian

Le militant de la cause nationale, Chawki Mostefaï, décédé samedi en début de soirée à l’âge de 97 ans, a rejoint sa dernière demeure hier. Il a été enterré au cimetière de Aïn Benian, à Alger, en présence de sa famille, ses amis et quelques moudjahidine et anciens responsables de l’Etat, venus lui rendre un dernier hommage et se recueillir une ultime fois sur sa dépouille. «Aujourd’hui, c’est l’enterrement d’un brave», lâche un de ses proches compagnons. Mais jusqu’à son dernier souffle, l’Algérie officielle lui a dénié cette reconnaissance qui lui était pourtant due. Aucun responsable du gouvernement ni représentant de la Présidence n’a daigné venir à l’enterrement de ce militant nationaliste de la première heure. Chawki Mostefaï était l’un des précurseurs du mouvement pour l’indépendance de notre pays. Il a été responsable de la section universitaire du Parti du peuple algérien (PPA), un des premiers dissidents de Messali Hadj, collaborateur de Krim Belkacem à Tunis, membre de l’Exécutif provisoire, et avait joué un rôle important lors des événements du 8 Mai 1945. Il a aussi été le concepteur de l’emblème national. Chawki Mostefaï mérite plus qu’une reconnaissance. L’histoire lui a réservé une place de choix, les opus parlent de lui, même s’il a lui-même décidé de se retirer de la vie publique en juin 1962. Chawki Mostefaï était peut-être trop savant pour les tenants du pouvoir qui avaient décidé, déjà, de faire la promotion de la médiocrité. Ce militant du Mouvement national avait décroché son baccalauréat en 1937, fait des études de médecine à Alger, puis une spécialité en ophtalmologie à Paris. Que peut faire l’ingratitude devant un parcours aussi rempli ? Chawki Mostefaï a été enterré loin d’El Alia, sur l’autre côte d’Alger, celle de l’ouest, dans un cimetière faisant face à la mer. C’était, selon nos informations, son vœu. L’enfant des Bibans est parti dans la dignité, en douce, sans se mêler aux luttes de l’après-indépendance. Il n’a pas connu les intrigues des clans régnants ni leurs balivernes. Des citoyens algériens ont tenu, hier, à lui rendre un dernier hommage. Certains ont eu des difficultés à gravir le chemin menant à sa dernière demeure ; ils se sont fait aider par les plus aptes. D’anciens responsables de l’Etat étaient présents à l’enterrement : Sid-Ahmed Ghozali (ex-chef de gouvernement), Karim Younes (ancien président de l’Assemblée populaire nationale), des généraux à la retraite, Abdelhamid Djouadi et Mohamed Touati, le docteur en ophtalmologie et ancien ministre des Affaires religieuses dans le gouvernement de Mouloud Hamrouche, Saïd Chibane. Comme il a vécu, Chawki Mostefaï a eu un enterrement simple, sans fanfare et sans les pousse-toi que je m’y mette. La centaine de présents est venue avec spontanéité rendre un dernier hommage à un digne militant de l’indépendance de l’Algérie. Le dernier cadre qui était encore en vie du Mouvement national algérien. Repose en paix, Chawki Mostefaï.

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