Élections en Iran : forte poussée des « modérés » dans un contexte de forte rivalité avec l’Arabie Saoudite

Les élections qui se sont déroulées en Iran vendredi devaient renouveler à la fois le Majlis, le Parlement et l’Assemblée des experts, l’instance qui désignera le jour venu le successeur de Ali Khamenei, le Guide suprême de la Révolution. Ce dernier a, lors des élections, fait campagne contre « l’infiltration de l’ennemi » américain. L’Assemblée des experts avait légalement le pouvoir de refuser les candidatures dans les deux chambres et elle ne s’en est pas privée en invalidant des dizaines de candidatures proches des réformateurs.

Malgré cette censure, la liste « Espoir » qui représentait le camp des modérés et des réformateurs mené par le Président Rohani a largement progressé dans ces deux chambres. D’après les informations annoncées par le ministère de l’Intérieur, près de 60 % des 55 millions d’électeurs iraniens ont participé au vote. Le décompte n’est pas encore achevé mais la liste « Espoir » pourrait être la force dominante du Parlement.

Quelles sont les dossiers épineux que devra affronter le Président Rohani, fort d’une redistribution des cartes électorales qui lui sera peut-être favorable ? Les attentes des électeurs se concentrent aujourd’hui sur la situation économique du pays. Elle n’est pas bonne et l’effondrement des cours du pétrole ne va pas l’améliorer. La fin des sanctions va cependant permettre à l’Iran d’exporter plus facilement et surtout de pouvoir accueillir des investissements étrangers. Le président Rohani va certainement mettre en place des réformes libérales en matière économique, chercher à favoriser l’environnement des affaires et faciliter l’investissement privé.

L’importance des scores réalisés par les modérés dans les centres urbains a dû surprendre le camp conservateur. À Téhéran, les réformateurs et modérés emportent la totalité des 30 sièges de représentation de la capitale iranienne, sièges qui étaient jusqu’alors détenus en grande partie par les conservateurs.

Mais cet électorat urbain a également ses exigences qu’il s’agisse de l’émancipation des femmes, de l’insertion de la jeunesse ou de la liberté d’expression ou du pluralisme de l’information. Les réformateurs souhaitent également la libération des dirigeants du « Mouvement vert » (manifestations massives en 2009 à la suite de réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad) toujours en résidence surveillée.

Toutes ces questions sensibles feront certainement l’objet de tensions avec le camp conservateur qui se sent aujourd’hui en situation de défense et de repli.

Forte rivalité avec l’Arabie Saoudite

Le second dossier, qui fera sans doute l’objet de consensus entre toutes les parties en Iran, est l’instabilité régionale. Sur fond de conflits religieux entre sunnites et chiites, il y a la réalité d’une opposition très vive entre deux puissances régionales, l’Arabie Saoudite et l’Iran. L’affrontement a pris une forme armée à travers le conflit au Yémen, où des forces sunnites, aidées par l’aviation saoudienne, affrontent des troupes chiites soutenues par Téhéran.

Au Yémen, opèrent également des milices  sunnites djihadistes qui se réclament soit d’Al Qaïda, soit de Daech. C’est à l’occasion de ce conflit que l’Arabie Saoudite et l’Iran ont rompu leurs relations diplomatiques. Les monarchies du Golfe et l’Iran s’affrontent également à Bahreïn, petit État où la famille régnante est sunnite alors que la population est très majoritairement chiite. Au Liban, l’Arabie Saoudite soutient les sunnites et l’Iran appuie le Hezbollah. Le pays est actuellement en crise ouverte avec l’Arabie Saoudite qui a décidé de suspendre son aide militaire.

Les deux puissances s’affrontent également en Syrie et en Irak. L’Iran intervient militairement contre Daech en Irak et soutient de fait Bachar el-Assad, en Syrie. L’Arabie Saoudite soutient l’opposition sunnite dans ces deux pays. La Syrie est rentrée depuis samedi dans une phase de cessez-le-feu, imposée au camp sunnite par les États-Unis et au camp alaouite par la Russie. Mais en admettant que la trêve tienne en Syrie, les rivalités entre toutes les parties subsistent et aucune solution ne pointe à l’horizon.

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