Réduction des importations : pourquoi la marge de manœuvre du gouvernement est très étroite

Depuis quelques mois, c’est devenu le principal argument du gouvernement pour faire face à la crise. À défaut d’être capable de mener des réformes structurelles sérieuses, l’Exécutif tente de convaincre que la solution à la crise se trouve dans la réduction des importations.

La « stratégie » s’articule autour de deux axes principaux : multiplier les entraves administratives et pousser à « produire » localement une partie de ce qui est importé aujourd’hui. C’est notamment le cas pour l’automobile, le rond à béton et le ciment.

Mais un an après la mise en place de cette politique, le bilan est bien maigre : 7 milliards d’économies sur les importations en 2015, selon les chiffres fournis ce mardi 26 janvier par Lyes Ferroukhi, Directeur général du commerce extérieur au ministère du Commerce.

Pour 2016, l’Algérie espère des économies du même ordre. Pour un pays qui importe près de 60 milliards de dollars par an, avec un déficit de la balance commerciale qui pourrait atteindre 30 milliards cette année, les efforts et toute l’énergie déployés par le gouvernement n’ont pas apporté leurs fruits.

Cet échec était prévisible. Que disent, en effet, les chiffres officiels des Douanes, dévoilés le 20 janvier ?

Les importations en chiffres

En 2015, les importations algériennes ont atteint 51,50 milliards de dollars. Sur ce montant, « la catégorie des biens d’équipement a représenté 34,4% des importations globales en se chiffrant à 17,71 milliards de dollars. Quant à la catégorie des biens destinés à l’outil de production (biens intermédiaires), qui a représenté 30,84% de la facture globale des importations, elle s’est chiffrée à 15,88 milliards de dollars. Il s’agit surtout des huiles de pétrole, des matériaux de construction et des huiles destinées à l’industrie alimentaire », détaillent les Douanes.

Autrement dit, plus de 65% de nos importations, soit 33,6 milliards de dollars, sont destinées à la production. Ces quantités sont quasi-incompressibles. Les toucher pourrait affecter plusieurs secteurs, à commencer par celui très sensible des hydrocarbures. Même si les Douanes ne le précisent pas, Sonatrach et Sonelgaz sont les principaux importateurs d’équipements.

À ce chiffre, s’ajoutent 9,31 milliards de dollars d’importation de produits alimentaires. Ces importations sont constituées essentiellement de céréales, lait, sucre… Des produits de première nécessité dont les importations, là encore, pourraient difficilement être fortement réduites. Au mieux, le gouvernement pourrait espérer une baisse des prix sur les marchés internationaux.

Au total, près de 43 milliards de dollars d’importations sont constitués de biens destinés à la production et de produits alimentaires indispensables. Un chiffre auquel il faudrait ajouter 2 milliards d’importations de médicaments, un chiffre en baisse de 22% par rapport à 2014. On se retrouve avec un montant global de 45 milliards de dollars d’importations presque indispensables.

Une situation qui dure depuis des années

Face à ces chiffres, le gouvernement refuse de reconnaître une évidence : le problème de l’Algérie ne réside pas dans les importations. Il est plus structurel. Hormis les hydrocarbures, l’Algérie ne produit presque rien d’exportable. Or, la valeur des hydrocarbures a fortement baissé ces dernières années et aucun secteur n’est en mesure de constituer un relais pour les exportations.

Aujourd’hui, en se focalisant sur les importations, le gouvernement cherche une solution de facilité, avec l’espoir de voir les cours de pétrole rebondir dans les deux ou trois ans à venir. Un rebond qui masquerait alors son absence de stratégie.

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