La perspective d’un bond imminent des exportations iraniennes de brut dans un marché déjà suralimenté ajoute à la déprime actuelle du marché pétrolier et augure de perspectives plus moroses que prévu pour les pays exportateurs, déjà victimes de l’incapacité de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de réagir face à la faiblesse des prix. L’annonce de la mise en œuvre dans les prochains jours, de l’accord sur le nucléaire iranien, qui prévoit une levée des sanctions internationales contre l’Iran, a ainsi précipité vendredi les cours du pétrole sous la barre des 30 dollars, un seuil qui n’a jamais été atteint depuis douze ans. Durant la semaine écoulée, le marché pétrolier a subi une chute de plus de 11% à New York et de près de 14% à Londres, alors que depuis le début de l’année, il a reculé de quelque 20,5% aux Etats-Unis et de plus de 22% en Europe. La levée des sanctions contre l’Iran annonce un afflux de 500 000 barils par jour (b/j) de plus sur le marché dans un premier temps, alors que des craintes sont exprimées quant aux répercussions d’un ralentissement de l’économie en Chine, premier pays importateur de pétrole. Autant de facteurs qui risquent d’influer sur les cours et empêcher un éventuel rebond. Selon des sources diplomatiques, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) devrait annoncer que l’Iran a tenu les engagements pris dans le cadre de l’accord de juillet 2015 sur la réduction de son programme atomique. Les deux principaux artisans de l’accord sur le nucléaire iranien, le secrétaire d’Etat américain John Kerry et son homologue iranien Mohammad Javad Zarif, devaient se retrouver hier, en Autriche, pour y finaliser la mise en œuvre de ce texte qui prévoit la levée des sanctions. «Aujourd’hui, c’est un bon jour pour le peuple iranien et les sanctions seront levées», a déclaré M. Zarif à son arrivée, hier, à Vienne, ajoutant qu’il s’agissait aussi d’un bon jour «pour la région» et «pour le monde». Selon l’agence officielle iranienne Irna, qui a rapporté ces propos, le ministre devait participer à une cérémonie pour l’annonce de la mise en œuvre de l’accord nucléaire. La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a, elle aussi, annoncé hier qu’elle rencontrerait à Vienne le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, «pour finaliser le travail» en vue d’une mise en œuvre de l’accord nucléaire. Il est à rappeler que l’accord, conclu le 14 juillet 2015, est destiné à mettre fin à plus de 13 ans de tensions dans ce dossier et à garantir la nature strictement pacifique du programme nucléaire iranien, via une réduction des capacités atomiques de Téhéran. Tout le monde s’attendait à ce que les sanctions contre l’économie iranienne soient levées dès aujourd’hui. Un rapport en ce sens sera «probablement» publié aujourd’hui, à l’effet duquel l’AIEA doit confirmer formellement que les Iraniens ont respecté les conditions posées par l’accord, selon des sources diplomatiques à Vienne, citées par l’agence AFP. Dans la foulée, l’Union européenne, les Etats-Unis et l’ONU devraient procéder à une levée contrôlée des sanctions internationales qui brident l’économie de l’Iran. Il va sans dire que ce pays profitera aussitôt de cette levée des sanctions pour expédier ses premières cargaisons de brut sur les marchés. Les analystes estiment à 500 000 b/j le volume des exportations iraniennes. L’objectif, à terme, est d’exporter 3 millions de barils par jour, comme en 2011, avant les sanctions. Selon certaines informations rapportées par les médias, 13 des 22 supertankers iraniens n’attendent plus que la levée des sanctions internationales pour appareiller en direction de l’Inde, qui devrait devenir la première destination du brut iranien, avant l’Europe. Le pays du Shah arrive au quatrième rang mondial en termes de réserves d’hydrocarbures. Elles représentent 13,1% de celles de l’OPEP, dont il est membre. Outre le pétrole, l’Iran nourrit d’autres ambitions pour l’Europe ; le pays étudie déjà la possibilité de construire un gazoduc vers le vieux continent pour renforcer ses exportations de gaz. Les réserves iraniennes de gaz naturel sont les plus importantes au monde, atteignent 34 000 milliards de mètres cubes, selon certaines estimations, mais le pays n’en produit que 200 milliards par an.
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El Watan