Le politologue Rachid Grim revient dans cet entretien sur la dissolution du DRS et la création de la Direction des services de sécurité (DSS). À qui profite cette restructuration ? La dissolution du DRS est-elle une bonne décision ?
Pourquoi le président Bouteflika a dissout le DRS pour le remplacer par la DSS ?
Le président Bouteflika poursuit sa marche vers la maîtrise totale des services de sécurité. D’abord, il a transformé le DRS en coquille vide en transférant une bonne partie de ses structures opérationnelles vers l’état-major de l’armée. Il a ensuite mis à la retraite le général Toufik et nommé le général Tartag à sa place. C’est à ce dernier d’ailleurs qu’il a finalement confié la nouvelle Direction des services de sécurité (DSS) qui semblerait être une structure de coordination au niveau de la Présidence. Cela ressemble à ce qui s’est fait aux États-Unis après les attentats du 11 septembre et ce qui s’est fait en France aussi.
Qu’est-ce que va induire cette dissolution comme changements ?
Pas grand-chose ! Sauf que le Président a donné à la DSS de nouvelles prérogatives que le DRS n’avait pas. Je veux dire que le DRS ne coordonnait pas les affaires de sécurité et chaque service travaillait de manière un peu cloisonnée. Dorénavant, les services de sécurité pourront travailler en coordination. Ce n’était pas vraiment le cas auparavant. La DSS devrait travailler sous l’autorité de la Présidence. On a toujours considéré le DRS symboliquement comme un contre-pouvoir et on le plaçait toujours dans une sorte de rivalité avec la Présidence. Changer le nom du service est déjà une mesure symbolique qui éloigne son ennemi de l’ombre (le général Toufik).
La dissolution du DRS est-elle une bonne ou une mauvaise décision ?
Je dirai que c’est une chose logique. Et en termes d’efficacité des services de sécurité, c’est une très bonne chose puisqu’il s’agit de coordination. Les premiers changements opérés au sein du DRS ont suscité des questions sur leurs conséquences notamment en matière de lutte antiterroriste. Mais on a constaté qu’il n’y pas eu d’effets finalement. Le ministère de la Défense nationale continue d’ailleurs à diffuser des messages concernant les personnes arrêtés ou tués dans le cadre de cette lutte qui reste à un très bon niveau. Cette dernière mesure va peut-être l’améliorer d’avantage s’il s’agit bien de coordination.
Peut-on dire que Gaïd Salah est cette fois-ci le perdant avec ce dernier changement ?
C’est certain ! On lui enlève la tutelle sur cet organisme. Donc, il perd une prérogative de taille. En tous cas, ce changement donnera beaucoup plus de pouvoir au président Bouteflika et Tartag est un homme qui lui est totalement acquis.
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