Les mêmes scènes se reproduisent à chaque fête de l’Aïd : les denrées alimentaires basiques que sont le pain et le lait deviennent impossibles à trouver. L’Aid-al-Adha qui vient de s’achever ne fait pas exception, les boulangeries et les magasins d’alimentation générale ont en conséquence été pris d’assaut par des consommateurs à la recherche de pain ou de lait en sachet. De manière générale, le manque de produits a provoqué des scènes regrettables où l’on voyait des foules de citoyens se bousculer pour acheter du pain et accéder aux caisses de laits posées par terre, devant le magasin, en plein milieu de la rue.
Deux raisons expliquent la récurrence de ce phénomène. Premièrement, les autorités ont leur part de responsabilité. Chaque année, le ministère du Commerce réquisitionne des commerçants pour assurer la permanence. Le taux de suivi de la permanence par les commerçants est très élevé, dans les 97 %. Le problème ne réside donc pas chez les commerçants, mais dans l’incapacité des autorités de prédire avec précision les quantités de lait et de pain nécessaires pour satisfaire la population. Et donc de réquisitionner un nombre suffisant de commerçants pour ouvrir durant l’Aïd.
Cela amène au deuxième point. Si les autorités éprouvent autant de difficultés à chiffrer les besoins de la population en produits de base, c’est parce que les citoyens expriment des inquiétudes irrationnelles quant au risque de pénurie. En effet, craignant une éventuelle pénurie à l’approche d’une fête, les consommateurs se pressent d’acheter de grandes quantités de lait et de pain plutôt que d’effectuer des achats raisonnables, entraînant ainsi de facto la pénurie tant redoutée.
Dans les faits, la situation semble difficile à résoudre. Si les craintes en apparence irrationnelles de la population trouvent leurs racines dans l’héritage socialiste de l’Algérie et dans l’absence de civisme, c’est surtout un profond manque de confiance envers les autorités, jugées incapables de gérer les stocks et éviter les pénuries. Un manque de confiance renforcé par la récente gestion douteuse des stocks de sucre. À chaque fête, jours fériée, les autorités échouent donc à instaurer un climat de confiance chez les consommateurs, rendant les pénuries inévitables.
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