Les pratiques condamnables de certains concessionnaires automobiles que nous avions révélées il y a plusieurs mois continuent, notamment les marques françaises Renault et Peugeot. En effet, en étudiant les comptes de résultat de différents concessionnaires dont nous avons obtenu les copies, l’on décèle toujours les mêmes anomalies dénoncées plusieurs fois par le ministère du Commerce. À savoir, déclarer des pertes ou de petits bénéfices pour minimiser les impôts payés en Algérie.
À titre d’exemple, Renault a fait un petit effort en 2014 en réalisant un bénéfice net d’à peine 996 millions de dinars pour un chiffre d’affaires de plus de 102,8 milliards de dinars (un milliard d’euros). En 2013, la marque au losange avait déclaré un déficit de 742,8 millions de dinars pour un chiffre d’affaires supérieur de 20 % à celui réalisé en 2014. Toutefois, la part des bénéfices rapportée au chiffre d’affaires reste dérisoire : moins de 1 % en 2014, sachant que l’activité d’achat en vue de la revente génère un ratio minimum de 10 %, selon les spécialistes.
De son côté, les résultats financiers d’un autre concessionnaire français soulèvent également des interrogations. En 2014, Peugeot Algérie a vu son chiffre d’affaires s’effondrer par rapport à 2014. Il est passé de près de 89,56 milliards de dinars en 2013 à 57,15 milliards à fin 2014 (-36,2 %), ce qui est conforme à la baisse des ventes enregistrées sur le marché. Cela dit, le résultat net de l’exercice reste particulièrement faible pour un tel niveau de ventes : 47,72 millions de dinars de bénéfices en 2014, contre 167,89 millions de dinars en 2013. Ceci représente des parts respectives de 0,8 % et 0,18 % du chiffre d’affaires.
Tahkout perd de l’argent
En comparaison, un concessionnaire à capitaux algériens, comme CIMA Motors détenue par l’homme d’affaires Mahieddine Tahkout réalisait en 2013, des bénéfices comparables à ceux de Peugeot, avec 175,26 millions de dinars, pour un chiffre d’affaires quatorze fois moindre que son concurrent (6,17 milliards). Cela dit, CIMA Motors a vu son chiffre d’affaires progressé de 75 % en un an, pour atteindre les 10,74 milliards de dinars au 31 décembre 2014. Mais dans le même temps, ses bénéfices ont chuté, au point de déclarer des pertes de 665,2 millions de dinars. Ces données sont incohérentes avec le marché automobile algérien, dominé par Renault et Peugeot, avec près de 22 % et 15 % des parts de marché respectueusement pour plus de 430 000 véhicules importés.
Marché lucratif
En effet, la demande de véhicules neufs est particulièrement forte avec un parc automobile où la moyenne d’âge est de 16 ans. Ainsi, rien ne justifierait une « guerre des prix », qui expliquerait un niveau si faible des bénéfices des actionnaires. Par ailleurs, faut-il rappeler que l’activité de concessionnaire est particulièrement lucrative ? Si bien que le concessionnaire Sovac fait l’objet de fortes convoitises de la part de certains prédateurs qui veulent mettre la main sur le représentant local du groupe Volkswagen, au point de faire intervenir le ministère allemand des Affaires étrangères.
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