Six ans après sa suppression en 2009 avec comme objectif de réduire les importations, le crédit à la consommation est de retour. À partir du 1e octobre, les ménages algériens pourront de nouveau s’endetter auprès des banques pour s’équiper en voiture –la Symbol de Renault montée en Algérie est l’unique modèle éligible au dispositif- ou en autres biens durables (téléviseurs, meubles, machines à laver…).
En annonçant que le crédit à la consommation est réservé aux produits « fabriqués » localement, le gouvernement sait qu’il ment. La majorité des produits concernés, à commencer par la Symbol de Renault, n’ont rien d’algériens. Il s’agit de produits importés puis démontés pour être remontés localement. Au mieux, la valeur ajoutée atteindrait 10 à 20%.
Mais qu’importe. La décision n’est pas économique. Le retour du crédit à la consommation en pleine crise économique est avant tout politique. Le dinar a chuté de 35% en un an et l’inflation a atteint des niveaux élevés, mettant à mal le pouvoir d’achat des ménages. Avec le crédit à la consommation, le gouvernement offre un pouvoir d’achat artificiel aux Algériens. Ils pourront s’équiper sans se ruiner ou se priver et orienter les salaires vers les dépenses quotidiennes en nourriture et autres fournitures.
Les calculs du gouvernement visent à réduire la pression sur les ménages et éviter ainsi une explosion sociale. Peu importe si les Algériens continueront à vivre au-dessus de leurs moyens en s’endettant.
À travers le retour du crédit à la consommation, le gouvernement Sellal tient aussi une promesse faite aux Français lors des négociations sur l’usine Renault.
« Le crédit à la consommation est interdit depuis 2009 en Algérie, par peur de voir les consommateurs s’endetter outre mesure en achetant des produits chinois de mauvaise qualité. La France a fait pression pour qu’il soit restauré au moment de la sortie des premières voitures (Symbol) en novembre 2014. Un décret devait être pris avant la fin de l’année 2014, mais cela n’a pas été fait. Il devait être adopté au printemps 2015 », écrivent Christophe Dubois et Marie-Christine Tabet, dans leur livre « Paris Alger, une histoire passionnelle », paru en avril dernier.
Avec cette décision, le gouvernement valide un projet avec un taux d’intégration très faible. Il aurait dû au moins négocier un taux d’intégration plus élevé de la Symbol en échange de son éligibilité au crédit à la consommation. Mais le gouvernement Sellal a d’autres priorités que les intérêts stratégiques de l’Algérie. Surtout quand il négocie avec les Français.
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