Bouchouareb – Rebrab, deux visions diamétralement opposées de l’économie

Abdeslam Bouchouareb ne s’en cache plus. Le ministre de l’Industrie, longtemps soupçonné de favoritisme envers les entreprises françaises, notamment les concessionnaires automobiles, a apporté, ce mardi publiquement au grand jour, son soutien à Renault et Peugeot. Ces derniers avaient été mis en cause par deux fois par des rapports du ministère du Commerce en étant accusés de surfacturation. Bouchouareb a soutenu Renault et Peugeot en déclarant qu’ils « font partie des concessionnaires qui surfacturent le moins ».

Le « ministre de la République », Abdesslam Bouchouareb, confirme donc publiquement, de façon totalement décomplexée, que les concessionnaires français font dans la surfacturation. Sa ligne de défense ? Ils sont ceux qui « surfacturent le moins », donc il faut les laisser tranquilles. Il sous-entend aussi qu’il y a un seuil toléré de la surfacturation des importations.

Dans le même temps, alors que la crise économique approche à grands pas, qu’il est temps d’unir tous les efforts pour faire éviter le désastre à l’Algérie, le ministre de l’Industrie n’a apparemment rien trouvé de mieux à faire que se lancer dans une guerre ouverte contre Issad Rebrab, PDG du groupe Cevital. Bouchouareb l’accuse de… surfacturation. Dans un remarquable exercice de double standards, le ministre défend donc la surfacturation effectuée par les Français tout en tentant de crucifier l’un des principaux créateurs de richesses et d’emplois en Algérie.

La méthode choisie pour communiquer en dit long sur le degré de souillure de la situation. Le ministre de l’Industrie choisit une conférence de presse pour lancer des accusations graves envers l’un des patrons les plus influents d’Algérie, qui avait au départ simplement exprimé sa frustration à l’encontre des énormes délais imposés par le ministère de Bouchouareb, lui reprochant notamment de faire perdre un temps précieux à Cevital et à l’Algérie alors qu’il aurait pu exporter. Si les accusations du ministre sont fondées, c’est à la justice que Bouchouareb aurait dû transmettre le dossier pour traduire le groupe Cevital en justice. Que le ministre de l’Industrie choisisse de lancer ses accusations en conférence de presse montre qu’il voulait utiliser cette plateforme pour régler ses comptes avec Rebrab. En agissant ainsi, Abdeslam Bouchouareb non seulement se décrédibilise, mais décrédibilise la fonction de « ministre de la République » qu’il occupe.

Il y a une formule qu’a utilisée le ministre de l’Industrie durant la conférence de presse qui a fait tilt chez certains. « Il a voulu les introduire dans mon pays », a déclaré Bouchouareb en parlant des équipements que voulait importer Rebrab. Le ministre de l’Industrie cherchait à jouer, de manière tout à fait déplacée d’ailleurs, sur la fibre patriotique des Algériens. Il aurait pu dire « notre pays » s’il avait voulu vraiment jouer sur la fibre patriotique, mais le ministre a utilisé l’adjectif possessif à la première personne. Une façon inconsciente de montrer que le pays lui appartient, à lui et au clan dont il fait partie. C’est, en effet, un secret de polichinelle que de dire que le ministre de l’Industrie obéit à une structure parallèle au gouvernement. Il y a, d’ailleurs, bien longtemps que le ministre ne prend plus ses instructions du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dont le silence dans cette affaire est, par ailleurs, assourdissant.

Cette bagarre a révélé l’existence de conceptions diamétralement opposées de la gestion de l’économie du pays. D’un côté, un pouvoir opaque, bureaucratique et rentier et de l’autre des investisseurs dont Rebrab et Mellah qui revendiquent la liberté d’investir dans leur pays.

Le drame de l’Algérie est bien là à l’heure actuelle. Malgré son manque de légitimité auprès du peuple ou des principaux acteurs économiques, malgré ses nombreux couacs laissant apparaître une incompétence manifeste dans l’exercice sa fonction, le ministre de l’Industrie, Abdeslam Bouchouareb, se voit quand même confier le destin économique de l’Algérie entre ses mains. Ses décisions prises dans l’opacité totale marqueront l’avenir de l’Algérie dans les prochaines années, et ses erreurs auront des conséquences dramatiques pour un pays aussi fragile économiquement que l’Algérie.

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