Éric Laurent et Catherine Graciet, les deux journalistes français soupçonnés d’avoir fait chanter le roi du Maroc, ont été mis en examen pour chantage et extorsion de fonds, rapporte Le Monde ce samedi.
Selon une source proche du dossier citée par le quotidien, Éric Laurent a reconnu durant sa garde à vue, entamée jeudi soir, avoir formulé une offre de 3 puis 2 millions d’euros au Maroc pour le renoncement de la publication d’un livre compromettant pour le Palais royal, cosigné avec la journaliste Catherine Graciet.
Si elle venait à être confirmée, cette affaire entamerait de manière significative la crédibilité des enquêtes réalisées par certains journalistes occidentaux, notamment français. Ces derniers ont en effet été particulièrement prolifiques en effectuant des enquêtes sur les dirigeants des pays maghrébins et africains. Virtuellement toutes ces enquêtes sont susceptibles d’être remises en cause si l’affaire de chantage du Roi du Maroc était avérée, et révélerait la face cachée des agissements de certains journalistes.
Cependant, les choses sont souvent plus complexes qu’elles ne paraissent l’être de prime abord. Si à priori l’affaire ne semble être rien d’autre que l’histoire de deux journalistes arrogants ayant perdu leur pari de faire chanter le roi, en tombant avec facilité troublante dans le piège tendu, l’affaire reste à l’heure actuelle couverte de plusieurs zones d’ombre.
D’abord, les journalistes mis en cause ne sont pas des amateurs de la première heure. Éric Laurent et Catherine Graciet sont des journalistes aguerris, ayant d’ailleurs déjà cosigné un ouvrage accusateur contre Mohamed VI en 2012, intitulé « Le roi prédateur ». Un livre qui n’aurait pas plu au pouvoir marocain et pour lequel le quotidien espagnol El Pais avait été interdit sur le territoire marocain le jour où il en avait diffusé les bonnes feuilles. Les déclarations de l’avocat de Catherine Graciet vont dans ce sens, évoquant un « Royaume du Maroc [ayant] des comptes extrêmement lourds et un passif à solder avec Catherine Graciet ».
Dans ce contexte, il sera intéressant d’observer le comportement de la justice française, dont l’enquête aura pour devoir d’éclaircir toutes les zones d’ombre dans cette affaire inédite. En juin dernier, la France et le Maroc avaient conclu un accord de coopération judiciaire qui avait provoqué un tollé parmi les défenseurs des droits de l’Homme.
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