Quand le FLN et le RND échappent à Bouteflika

« Prématurée ». C’est ainsi que qualifie le Secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, l’invitation du patron du RND, Ahmed Ouyahia, à créer un nouveaux pôle politique autour du programme présidentiel. Ce refus « déguisé » signe, en fait, une nouvelle étape du règne d’Abdelaziz Bouteflika. Le Président, qui ne fait pas consensus au sein de l’opposition, est aujourd’hui incapable d’unir ses partisans.

Au-delà des détails techniques ou politiques cités par le FLN pour rejeter l’offre du RND, il semble évident que les deux hommes, en l’occurrence Ahmed Ouyahia et Amar Saâdani, ne soient pas pressés à travailler ensemble, même pas au nom du programme du Président. Un programme qu’ils soutiennent, défendent et adoptent publiquement.

Que se passe-t-il réellement entre les deux formations ?

Saâdani et Ouyahia, sortis renforcés de leur bataille menée au sein de leur formation respective, n’ont pas tardé, il faut le dire, à se lancer des messages codés. Le 11 juin, au lendemain du Conseil national du RND, Ouyahia a laissé entendre que Bouteflika  à la tête du FLN est d’abord un souhait du parti. « Nos frères au FLN ont élu Bouteflika président du parti, Maalich, ce n’est pas grave, même si le Président a souligné au tout début de sa lettre que ses prérogatives constitutionnelles ne lui permettaient pas  de porter une double casquette », précisait Ouyahia.

48 heures après, c’est autour de Saâdani de recadrer son ancien allié : « ll faut que l’alliance se fasse autour de lois, de projets, de débats et non de personnes ou d’autres entités», et pourtant la seule « personne » évoquée par Ouyahia officiellement est « Abdelaziz Bouteflika », le président du FLN. « Les non-dits », dans les discours des deux hommes rendent le décryptage de la situation difficile et parfois impossible.

Une chose est, par ailleurs, visible. Le Président qui, au début de son deuxième mandat, avait réussi le pari de réunir opposition et partisans dans le cadre de l’alliance présidentielle, perd le contrôle de ses propres alliés.

Sa seule consolation : l’éparpillement de l’opposition. Même si plusieurs partis et personnalités politiques ont réussi le pari de rester soudés pour dénoncer « l’illégitimité » du pouvoir en place, il est à constater néanmoins que les entités créées, CNLTD et pôle de changement, ne font pas l’unanimité au sein de l’opposition.

Des partis clés et des hommes clés ont tourné le dos à ces initiatives. Le Parti des Travailleurs, le FFS, Mouloud Hamrouche… affichent leur propre discours politique. Pour dire leur distance avec les autres. Hamrouche ne craint que « certains partis de l’opposition qui se nourrissent de la guerre des clans ». Le FFS appelle à un consensus, mais n’hésite pas à tirer sur le pouvoir et l’opposition, le PT semble mener sa propre bataille sur plusieurs fronts.

Autant de divergences qui empêchent l’opposition de parler d’une seule voix. Les échecs de l’opposition et des partis du pouvoir alimentent et nourrissent  les blocages  politiques, verrouillent toute sortie de crise et  prolongent le flou dans le pays.



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