Le public algérois était au rendez-vous devant le Théâtre National d’Alger (TNA) pour la clôture du Festival Culturel International de Musique Symphonique vendredi soir. Ravis d’un tel événement, ces amateurs de musique classique regrettent cependant que la programmation et les infrastructures accueillant de tels concerts ne soient pas plus nombreuses dans la capitale.
Théâtre national d’Alger, dit TNA, 17h30 vendredi soir. C’est la clôture du Festival international de musique symphonique, la foule se presse sur le parvis du théâtre pour tenter d’obtenir une place pour le concert de ce soir, qui ne doit commencer que dans une heure. « J’ai déjà assisté à la clôture du Festival l’année dernière, c’était un concert de grande qualité ! », raconte une jeune femme vêtue d’un beau tailleur pour l’occasion. Fine connaisseuse de musique classique, elle confie venir tous les ans au Festival. « Ce n’est pas souvent que l’on peut assister à des concerts de ce type à Alger, autant en profiter ! », ajoute-t-elle. Un peu plus loin, une mère de famille accompagnée de sa fille attend son tour patiemment. « J’espère que l’on pourra rentrer cette année, vu le monde, ce n’est pas gagné », s’inquiète-t-elle. « Ma fille aime bien la musique classique alors on essaie de saisir ces rares occasions. Vous savez, je suis assistante en service de réanimation, les concerts symphoniques me changent un peu du quotidien! ».
Un manque d’infrastructures à Alger
Mélomanes, néophytes, simples curieux, ou amateurs du dimanche : il y a de tout dans le public qui se bouscule devant le TNA. L’enthousiasme pour un concert qui réunit des musiciens de 19 pays est partagé. Mais beaucoup regrettent que les occasions d’écouter de la musique classique à Alger soient si rares. « Le Palais de la Culture et le Théâtre sont les seuls endroits qui peuvent accueillir des concerts classiques », regrette un vieil algérois, qui fait partie d’un groupe de musique andalouse. « Un opéra est en construction à Ouled Fayet, mais on attend toujours son ouverture ! », remarque-t-il.
Un couple en tenue de soirée attend lui aussi que les portes du théâtre s’ouvrent. « On a affronté les embouteillages pour arriver jusqu’ici, et on apprend que c’est sur invitation ! Bonjour l’organisation, on aurait aimé être informé plus tôt », se plaignent ces spectateurs réguliers de musique symphonique. Tous deux regrettent que le Festival soit organisé dans une salle au nombre de places si réduit.
Chargée de la communication festival, Souad Boulekmater répond à ces critiques. « Oui, c’est vrai, le TNA n’est pas assez grand pour accueillir tout le monde. Pour résoudre ce problème l’année dernière, on a tenté de d’organiser le festival sur l’Esplanade Palais de la Culture. Mais l’acoustique était déplorable, on a été obligé de revenir au Théâtre », explique-t-elle.
Un public chaque année plus important
Au-delà des problèmes logistiques, Souad Boulekmater tient à souligner le bilan positif de cette sixième édition. « Les concerts étaient complets toute la semaine ! Et ce, malgré le tarif de 200 Dinars que l’on a imposé cette année […] La fin de la gratuité du festival n’a pas du tout influé sur la fréquentation. Au contraire ! », se réjouit-elle.
Le directeur du festival, Abdelkader Bouazara, se félicite lui aussi de la fréquentation. « L’Algérie vit des moments féeriques grâce à cette manifestation. Je remercie le public qui est venu en masse, nous sommes très fiers de ce succès ». Pourtant, un tel succès n’était pas gagné. « Le chef d’orchestre Amine Kouider et moi-même avons beaucoup milité pour l’organisation et la popularisation de cette musique », souligne-t-il.
Un caméraman freelance qui a l’habitude de couvrir ce genre de manifestations partage ses impressions : « Oui, le public a évolué. Par exemple, il y a quelques années c’était impensable de voir une femme voilée assister à un événement de ce type. On est en progrès ».
La musique classique semble bel et bien avoir trouvé son public en Algérie. « Le problème c’est le lieu pour accueillir les concerts », analyse Souad Boulekmater. « On attend un geste des pouvoirs publics. La nouvelle ministre de la Culture a promis qu’elle nous aiderait à résoudre ce problème ».
Agnès Nabat
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