Une candidature commune de l’opposition, ou la chance d’imposer une fin au statu quo mortifère

Le pays semble avoir complètement perdu la boussole. Plus grave encore, il donne l’impression de vivre une période de grande déprime. Le gouvernement, faute de pouvoir résoudre les problèmes du pays qui s’accumulent, fait dans l’improvisation et les effets d’annonce, avec des ordres et contre-ordres successifs. Parce que ce gouvernement connaît deux handicaps majeurs : l’absence de légitimité et le tarissement de la manne pétrolière. En fait, il y a de temps à autre de l’agitation, mais sans plus, tels que les discours lus au nom du président de la République à tout bout de champ. Quant à l’opposition, elle semble à court d’imagination, préférant, apparemment, le confort de l’inaction sauf pendant les bien tristes campagnes électorales que le pays connaît périodiquement. D’aucuns vous diront «le calme qui précède la tempête» ! L’on voit bien que la vie politique nationale s’est tellement appauvrie et corrompue qu’elle se résume, depuis des années, aux différentes élections, si bien qu’à peine une élection est évacuée qu’on pense déjà à la suivante et comment faire figurer son nom sur les listes électorales, même si c’est à coups de milliards ! Dans tout ce remue-ménage, force est d’admettre que Jil Jadid, ce parti relativement récent soit, aujourd’hui, celui dont la voix est la plus entendue. Je trouve que ce qu’il préconise, «une candidature commune de l’opposition», est fort intéressant. Aussi, l’idée d’un unique candidat aux prochaines élections mérite bien d’être étudiée avec attention. Car cela pourrait bien être le moyen le plus à même de perturber l’ordre archaïque dominant. Mais dans l’état actuel des choses, je doute fort que la chance va sourire à cette idée, ô combien généreuse. D’abord et en temps normal, tout parti est censé avoir son propre candidat, notamment à une élection présidentielle. Mais vu l’emprise pathologique du pouvoir actuel, les partis de l’opposition ont besoin de se coaliser, le temps d’une élection présidentielle, pour avoir plus de chance d’imposer une fin au statu quo mortifère qui prévaut depuis plus d’une décennie. Cela va surtout leur permettre de prendre à témoin l’opinion publique internationale aussi bien que nationale. Ces partis auront-ils suffisamment de lucidité pour adhérer à cette idée ? Difficile à dire, d’autant plus qu’ils manquent toujours de maturité qui leur fait distinguer entre le tactique et le stratégique. Ces partis, ou plutôt leurs leaders, demeurent, par certains égards, narcissiques. Lorsque je parle de partis d’opposition, j’exclus, évidemment, ceux qui sont carrément dans le parasitage de la vie politique nationale. Ceux que l’on peut qualifier, à juste titre, de bandits de la politique ! Pour ce qui est de l’éventuel 5e mandat, il faut se rendre à l’évidence que depuis l’amendement de la Constitution de novembre 2008, Abdelaziz Bouteflika est président à vie. C’était cela le dessein inavoué de l’entreprise. Ensuite, à proprement parler, il ne pourra y avoir un «cinquième mandat» mais un «premier mandat» suite à l’autre amendement constitutionnel intervenu en 2016, lequel est revenu à la limitation des mandats présidentiels à deux. Abdelaziz Bouteflika aura, donc, deux mandats devant lui (10 longues années) avant d’avoir besoin de procéder à un autre amendement constitutionnel, pourvu que Dieu veuille bien lui prêter vie.   Par Mohamed Hennad. Politologue

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