La version de la bavure fragilisée

Paris (France) De notre bureau Nouveau rebondissement dans l’affaire des moines de Tibhrine. Les conclusions des dernières expertises scientifiques, rendues publiques par la presse française jeudi dernier, mettent globalement en exergue quelques points. Outre le fait que les religieux auraient été assassinés plusieurs semaines avant la découverte officielle de leurs têtes, l’enquête, menée par des experts français, a conclu également que ces têtes ne portaient pas de trace de balle. C’est un point extrêmement important à ce stade de l’enquête. Il invalide pleinement la thèse défendue par certains cercles français, selon laquelle c’est l’armée algérienne qui aurait tué, par erreur, les moines par des tirs depuis un hélicoptère. Pourtant, en mai 1996, l’ex-GIA (Groupe islamique armé algérien), par la voix de son chef Djamel Zitouni, avait revendiqué l’assassinat des sept moines dont les têtes avaient été retrouvées le 30 mai 1996 près de Médéa, à 90 km au sud d’Alger. Kidnappés vers la fin du mois de mars de la même année, le GIA avait menacé de les égorger, si la France n’accédait pas à certaines de ses «revendications». Pour rappel, El Watan avait rapporté, dans une de ses éditions, en septembre 2011, que des contacts avaient été établis entre l'ambassade de France et les preneurs d'otages. Un émissaire français s'était même déplacé pour rencontrer les ravisseurs. Sur place, il avait exigé de voir les moines avec lesquels il s’est entretenu pendant quelques minutes, selon le témoignage d'un repenti. Mais le Français portait une montre un peu bizarre. En la lui enlevant, son guide a découvert une puce de géolocalisation. C’est à ce moment-là que le sort des moines avait basculé. Les contacts étaient rompus et la suite est connue. Par ailleurs, si les mêmes conclusions ont souligné que les «moines auraient été tués avant la date officielle de leur mort, le 21 mai, et décapités post mortem», elles ont montré aussi qu’il n’y avait pas de présence de particules métalliques au niveau de leurs têtes, autrement dit pas d’impact de balle. «Ce qui fragilise la version selon laquelle une patrouille de l’armée aurait commis une bavure en tirant sur les moines depuis un hélicoptère», a reconnu Patrick Baudouin, avocat des familles des moines au journal Le Monde. Me Baudouin continue néanmoins de marteler, sans apporter la moindre preuve, que ceux qui savent des choses sur cette affaire se trouvent toujours au sein du pouvoir algérien. L’Algérie avait remis en juin 2015 un premier rapport d’experts à la justice française sur la base des consultations effectuées sur place. Une année après, c’est-à-dire en juin 2016, elle a remis également les prélèvements pour analyses scientifiques. Mais 22 ans après les faits, force est de constater que ce dossier continue d’envenimer les relations entre Paris et Alger.

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