«La santé du consommateur passe avant tout»

De plus en plus d’Algériens consomment des boissons gazeuses sucrées de manière moins excessive. Quelles sont, d’après vous, les raisons de ce changement dans les habitudes de consommation ? A mon avis, il y a deux facteurs essentiels qui sont à l’origine du recul de la consommation.  Le premier est lié au pouvoir d’achat des Algériens qui ne cesse de se dégrader. Actuellement, les gens n’en consomment plus comme auparavant. Parmi les produits touchés, citons ceux qui sont secondaires, à savoir les fruits, les jus, etc. Ces derniers mois, les consommateurs s’orientent davantage vers des produits laitiers, comme les yaourts. Le second facteur est lié à un problème de santé publique induit par la consommation excessive de boissons sucrées. De plus en plus de spécialistes se prononcent, ces dernières années, sur ce sujet et les chiffres des maladies chroniques sont rendus publics. Il y a une prise de conscience des consommateurs sur le fait que les produits sucrés de manière générale sont nocifs, propagateurs et inducteurs de pathologies chroniques. Les producteurs de boissons recommandent une réduction graduelle du taux de sucre dans les boissons gazeuses. Etes-vous favorable à cette démarche ? Une commission nationale a été mise en place pour établir un programme sur ce sujet, c’est-à-dire la limitation graduelle du taux de sucre, sel et matières grasses dans les produits alimentaires. Malheureusement, notre organisation n’a pas été associée à cette commission. Quand on parle de réduction graduelle, il ne faut pas qu’elle soit étalée dans le temps. Il faut que cela soit dans des délais acceptables, car il s’agit d’un problème de santé publique. Il ne faut pas favoriser les intérêts financiers et commerciaux des industriels au détriment de la santé du consommateur. Nous jugeons inacceptable et inadmissible de songer ou même de se prononcer qu’il y ait une limitation sur une période de cinq à six ans, ce qui a été proposé. Apparemment, notre organisation est la seule à s’y opposer. Même pour un drogué, il n’a pas besoin de 4 à 5 ans pour une cure de désintoxication. Puisqu’il s’agit d’un problème de santé publique, puisqu’il y a urgence et puisqu’il y a gravité, nous pensons que la réduction du taux de sucre,  sel et matières grasses dans les produits alimentaires jusqu'à atteindre un seuil acceptable, selon les recommandations internationales, ne devrait pas dépasser une période de deux années. Je comprends qu’il y ait une certaine frustration et peur des opérateurs économiques, mais la santé du consommateur passe avant tout. Le ministère du Commerce s’attelle à la mise en place d’une réglementation qui limitera le taux de sucre dans les boissons, le sel et les graisses dans les aliments. Pensez-vous que cela serait suffisant pour prémunir les consommateurs des maladies non transmissibles, dont le diabète ? Il y a une utilisation accrue dans les produits agroalimentaires de sucre, sel et matières grasses. L’opérateur est entré dans une course pour satisfaire le consommateur, alors qu’il sait que ces produits sont nuisibles à sa santé. Actuellement, il y a des marques internationales de boissons gazeuses dont les concentrations algériennes de sucre sont beaucoup plus importantes que les concentrations européennes, sous prétexte que le consommateur algérien raffole de sucre. Nous jugeons qu’il est primordial qu’il y ait une réglementation qui va mettre un seuil de concentration de sucre, sel et matières grasses dans les produits agroalimentaires. De cette façon, nous réglerons le problème à la racine. Ce que nous avons proposé, c’est que tout opérateur qui dépasse le seuil toléré ou recommandé par les instances de santé internationales paye une importante taxe sur son produit. Celle-ci ira au Trésor public afin de soigner les gens qui ont eu des problèmes de santé suite à une consommation abusive de sucre, sel et matières grasses. Nous avons aussi proposé un gel des subventions sur le sucre. Pourquoi ne pas subventionner les fruits de saison, par exemple, pour qu’il y ait une alternative à ces boissons ? Pourquoi subventionner le sucre, alors que c’est un produit nocif pour la santé du consommateur ? Nous attendons avec impatience cette réglementation et nous voudrions être partenaires complets dans l’élaboration de ces textes réglementaires. Le ministère du Commerce a annoncé en septembre dernier la réactivation de l’étiquetage nutritionnel des denrées alimentaires pour combler le vide juridique…     On nous a demandé de formuler des recommandations et des propositions sur l’étiquetage nutritionnel. Le plus important pour nous est de simplifier la lecture de l’étiquetage nutritionnel par la mise en évidence des couleurs, comme cela se fait ailleurs. Ces couleurs sont élaborées par des professionnels de la santé selon la concentration de sucre, sel et matières grasses. Quand il s’agit de la couleur verte, c’est un produit qu’on peut consommer sans hésitation. Pour la couleur orange, il faut faire attention, surtout pour les cardiopathes. Pour le rouge, le produit doit être banni pour les diabétiques. On espère que le ministère du Commerce prendra en sérieux nos recommandations.

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