Produits alimentaires : comment les prix sont fixés en France

C’est un début récurrent en Algérie. Les prix de plusieurs produits connaissent dans l’année des évolutions spectaculaires. Les prix de certains produits, comme l’ail actuellement, peuvent être multipliés par 10 ou 15. Une situation qui fait de l’Algérie presque une exception. Comment font les autres pays ? TSA a pris l’exemple de la France. Explications.

Les négociations commerciales annuelles entre la grande distribution et ses fournisseurs nationaux, régionaux ou locaux s’achèvent en France ce mercredi 1er mars. Elles ont vocation à fixer les tarifs des produits achetés par la grande distribution pour l’année en cours. Elles se déroulent entre les géants de la grande distribution, regroupés en quatre centrales d’achat (Auchan-System U, Intermarché-Casino, Carrefour-Cora, et Leclerc) et leurs fournisseurs regroupés au sein de coopératives.

Sur le papier, ces négociations sont encadrées par la loi de modernisation de l’économie du 4 août 2008 et par la loi Sapin 2, adoptée en novembre 2016. Les fournisseurs (c’est-à-dire les intermédiaires, les coopératives, les abattoirs et l’industrie agroalimentaire) doivent faire parvenir leurs conditions générales de vente (CGV), un catalogue avec grilles tarifaires, aux quatre centrales d’achat environ trois mois avant la fin des négociations. Ils sont ensuite convoqués par ces centrales d’achat, qui représentent 90% du marché de la grande distribution, pour défendre leur produit et obtenir le meilleur prix.

Guerre des prix 

Le problème, c’est que les grandes enseignes de distribution se livrent une guerre des prix sans merci et appliquent le principe de déflation, c’est-à-dire la baisse des prix. Certes, cela représente une excellente opération puisque plus le prix des produits achetés aux distributeurs sera bas, plus la marge des enseignes sera importante.

De plus, un tel système permet de trouver dans les rayons des magasins des produits à des tarifs imbattables. Les consommateurs gagnent en pouvoir d’achat et les ventes en grandes surfaces augmentent. Bref, de prime abord, c’est un vrai cercle vertueux. La grande distribution a donc tout intérêt à fixer les prix les plus bas possibles.

En réalité, cette partie de bras de fer se joue depuis la « loi de modernisation de l’économie » (LME) du 4 août 2008 qui visait entre autres à « dynamiser la concurrence », afin d’améliorer le pouvoir d’achat des clients.

Les fournisseurs asphyxiés

Mais de l’autre côté du tableau, pour les fournisseurs, cette pression sur les prix est intenable en raison de la volatilité des cours des matières premières agricoles : en 2016, le prix du blé tendre a progressé de 16%, le prix du beurre de 56%, le prix du lait de plus de 30%.

« Sur certaines catégories de produits, le prix de la matière première peut peser jusqu’à 80% du coût de production », détaillait un communiqué, en date du 31 janvier, de l’Association nationale des industries agroalimentaires (Ania), qui représente plus de 16.000 entreprises dont 98% de TPE-PME.

Alors même que le cours du saumon a augmenté de 60 % en 2016, « les distributeurs refusent de prendre en compte cette réalité », dans leurs tarifs ce qui fait craindre pour les industries de ce secteur « une casse économique et sociale qui sera la conséquence des ventes à pertes faites depuis un an », déplorait lundi Dominique Chargé, président de Coop de France Agro-alimentaire, l’organisation professionnelle de la coopération agricole, en marge du Salon de l’Agriculture qui se tient actuellement à la Porte de Versailles à Paris.

| LIRE AUSSI : Au Salon international de l’Agriculture à Paris, les exposants algériens entre espoir et déception

« David contre Goliath »

Ces négociations se déroulent donc dans un climat extrêmement tendu. Le problème, c’est que face à la grande distribution, les fournisseurs ne font pas le poids. Dans un article de Reporterre, site d’information dédié à l’écologie, publié en mars 2016, une source anonyme de l’Ania indiquait qu’ « un fournisseur, même le plus gros, ne représente que 1 ou 2 % du chiffre d’affaires du distributeur. Alors que ce dernier représente souvent de 20 à 40% du chiffre d’affaires du fournisseur ». Dans ce contexte, et en cas de désaccord, le fournisseur peut donc difficilement renoncer à son client.

En outre, les menaces de déréférencements de produits en magasins (NDLR : retirés des rayons), de façon abusive, pendant la période des négociations sont fréquentes, voire mises à exécution. Il reste toutefois difficile pour un professionnel de le prouver : l’enseigne de grande distribution pourra toujours prétexter un problème informatique ayant entraîné un retard dans la mise en rayons.

Cet article Produits alimentaires : comment les prix sont fixés en France est apparu en premier sur TSA Algérie.



Admin

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne