Licences d’importations : les priorités étranges du gouvernement

Les quotas d’importation pour les divers produits soumis aux licences d’importations ne sont toujours pas fixés. Dans le même temps, le ministre par intérim du Commerce, Abdelmadjid Tebboune, annonce une petite révolution dans le commerce extérieur de l’Algérie : toutes les importations du pays seront désormais soumises à des licences.

Mais avant cela, les récentes décisions de réorganisation (et restriction) de certaines denrées alimentaires (fruits : bananes, pommes, oranges…) posent question. À la lumière des chiffres des importations globales du pays, publiés par les Douanes, il y a lieu de s’interroger sur les priorités du gouvernement.

7 milliards de dollars de téléphones

À travers ses dernières décisions, le gouvernement a défrayé la chronique en annonçant des quotas de bananes, une interdiction d’importation d’oranges ou de pommes durant les périodes de récolte. C’est sans doute un moyen efficace pour encourager les agriculteurs locaux. Seulement, de telles mesures abruptes ont d’ores et déjà provoqué des pénuries, une flambée des prix et des pratiques de contrebande des produits concernés.

Dans le même temps, l’Algérie importe pour plusieurs milliards de dollars de produits électroniques, notamment la téléphonie mobile et l’électroménager. En effet, les douanes comptabilisent 1,22 milliard de dollars d’importations d’appareils électriques pour la téléphonie mobile. C’est plus de 6% de l’ensemble des achats extérieurs du pays, selon la même source. Dans ce montant, l’on retrouve une partie d’équipements divers pour la 3G et la 4G (réseaux), mais surtout des téléphones mobiles. « Sur une période de 15 ans, l’Algérie a importé pour 7 milliards de dollars de téléphones en tout genre », affirme l’analyste financier Ferhat Ait Ali, qui se base sur les chiffres des Douanes.

Absence de service après-vente

Par ailleurs, les produits électroménagers représentent également plusieurs centaines de millions de dollars d’importations. Pour la seule année 2016, l’Algérie a importé pour 264,4 millions de dollars de réfrigérateurs et 243,13 millions de dollars de meubles. Or, pour ces produits, il existe une production locale, à l’image de Brandt, Condor, Starlight et bien d’autres.

Pire : dans le cas des appareils importés, tout comme pour la téléphonie mobile, les consommateurs sont souvent confrontés à une absence de service après-vente digne de ce nom. Par ailleurs, en tenant compte de l’obsolescence programmée de ces produits, les importations sont appelées à se renouveler régulièrement

S’attaquer à la fraude

Enfin, la priorité des priorités du gouvernement devrait consister à s’attaquer à la fraude dans les contingents d’importation déjà existants. Les surfacturations, les prix de transfert et autres procédés frauduleux sont légion. Le cas des concessionnaires automobiles est éloquent. Les moins scrupuleux affichent des résultats négatifs (déficits) ou dérisoires alors qu’ils réalisent des chiffres d’affaires de plusieurs centaines de millions (proche, voire au-delà du milliard) de dollars.

Dans le même temps, la fraude peut prendre des formes parfois étonnantes. À titre d’exemple, l’expert Ferhat Ait Ali détecte une anomalie dans les importations de… semences de melon ! Se basant sur les statistiques des Douanes, Ait Ali évalue le prix de ces graines de melon entre 260 dollars et 1200 dollars le kilogramme. Or, le même analyste découvre par exemple qu’un individu a importé 6 kilos de graines à 33 000 dollars, soit un prix moyen de 5 500 dollars le kilogramme.

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