« Je ne pense pas que le peuple algérien se soucie de voir le Président chaque jour »

Tête de la liste électorale du RND à Alger pour les prochaines législatives du 4 mai, Seddik Chihab est également porte-parole de son parti. Dans cet entretien, il revient sur les pratiques de corruption dans la préparation des prochaines élections, le discours du secrétaire général du RND et la santé du président Bouteflika.


Des personnes arrêtées pour l’achat de signatures, d’autres ont été interpellées pour la vente de positions de tête de listes électorales. Qu’est-ce qui reste comme crédibilité à ces élections législatives ?

Ces personnes sont soit en prison, soit poursuivies en justice comme vous venez de le dire. Chacun assume les conséquences de ses erreurs et de ses gestes. Pour ma part, je pense qu’il faut se focaliser sur l’importance de ces élections qui interviennent à un moment crucial et très important dans la vie du pays. D’abord, ce sont les premières élections après l’amendement de la Constitution qui a consacré énormément d’éléments positifs aussi bien pour l’encrage de la démocratie, son approfondissement que pour le renforcement du rôle de l’opposition parlementaire. Ensuite, ces élections auront lieu dans un contexte économique et social particulier et dans un contexte sécuritaire sensible. Aujourd’hui, on est appelé à être responsable et à positiver les choses.

Mais ces pratiques de corruption ont touché le premier parti du pays, le FLN…

La corruption est un fait réel en Algérie. Aujourd’hui, l’État affiche une volonté pleine et entière dans la lutte contre la corruption. Le pays se conforme aux directives internationales. Cependant, des pratiques demeurent et prennent souvent des proportions alarmantes. Dans notre culture, on met toujours l’État et ses démembrements au-dessus de toute considération. Pour nous, ces pratiques touchent seulement ceux qui se sont rendus coupables de ces actes.

Le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, qui est en même temps directeur du cabinet du président Bouteflika, est appelé à mener une campagne électorale. N’y a-t-il pas un conflit d’intérêt ?

Je ne pense pas qu’il y ait un conflit d’intérêt. Les médias ont beaucoup parlé de cette question. Mais je pense que ce sont des lectures partisanes ou tendancieuses. M. Ouyahia a toujours fait preuve de rigueur et de probité. C’est un homme connu pour sa droiture.

Comment le directeur de cabinet du président de la République pourrait-il mener une campagne électorale ?

Il mène campagne pour son parti durant ses week-ends. D’ailleurs, il se trouve aujourd’hui (samedi) à Illizi.  Il est capable de faire quatre meetings par week-end. Il faudrait connaître la capacité d’endurance extraordinaire de M. Ouyahia. C’est quelqu’un qui prend sur lui-même, sur son temps et sa santé pour ne pas mélanger entre ses responsabilités et accomplir parfaitement ses missions. Et ce n’est pas un compliment. Tout le monde lui reconnaît sa capacité de travail.

Le secrétaire général du RND ne cesse de parler de la main de l’étranger et prévenir régulièrement contre le danger que représentent des groupes soutenus par des parties en France et au Maroc. N’est-ce pas un discours alarmiste d’extrême droite qui vise à faire peur aux Algériens ?

Nous ne voulons pas faire peur aux Algériens. Nous attirons leur attention sur les dangers qui nous guettent pour qu’ils soient plus vigilants. Nous essayons de leur faire comprendre que notre pays a besoin d’un front interne solide. D’ailleurs, c’est le vœu du président de la République et de tous ceux qui pensent que l’Algérie peut être l’objet de menaces. Vous n’avez qu’à voir ce qui se passe à nos frontières. Notre discours est nationaliste et réaliste, pas du tout alarmiste. Lorsqu’on dit aux Algériens que nous sommes dans un environnement hostile, ce n’est pas de l’alarmisme. Daech est à nos portes. L’effondrement de l’État libyen, les menaces qui pèsent sur la Tunisie, la fragilité des pays du Sahel sont des réalités que personne n’ignore.

Ahmed Ouyahia ne rate aucune occasion pour pointer du doigt le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK). Pourquoi est-il à ce point obnubilé par ce mouvement ?

D’abord, Ahmed Ouyahia n’est obnubilé que par l’intérêt de l’Algérie et des Algériens. Il ne revient sur le sujet que quand on lui pose des questions. Considérez-vous que ce qui se passe à nos frontières et ce qui se passe dans certaines régions du pays avec le MAK et le MAM (Mouvement de l’autonomie du M’zab) ne constituent pas une menace sur l’unité nationale, la stabilité du pays, et la sécurité des Algériens ?

Le MAK est une menace pour la sécurité des Algériens ?

Je parle de manière globale de la situation à nos frontières et de quelques groupuscules extrémistes qui agissent à l’intérieur. Certes, ces derniers ne représentent pas grand-chose. Mais si on les laisse faire, si on n’attire pas l’attention des Algériens de façon permanente et soutenue, ils peuvent faire comme les islamistes dans les années 1990 quand l’État avait baissé la garde. Les citoyens ont été entraînés par un discours religieux et démagogique. Vous connaissez très bien le résultat. Je pense d’ailleurs qu’on n’insiste pas assez sur cet aspect.

Ahmed Ouyahia a estimé que rien n’empêchait le Président de poursuivre son mandat. Cela fait presque un mois qu’on voit plus le chef de l’État depuis le report de la visite d’Angela Merkel. Que se passe-t-il ?

Je suis le porte-parole du RND et je suis entièrement d’accord avec ce qu’a déclaré le secrétaire général du parti. Le président de la République fait son travail de façon ordinaire. Cela dit, je ne suis pas là pour parler du président de la République. Ce qui compte est que les institutions de l’État soient présentes et que le pays soit géré avec beaucoup de rigueur.

Vous comprenez que les Algériens soient inquiets ?

C’est leur droit de s’inquiéter mais l’Algérie et ses institutions fonctionnent le plus normalement du monde. Je ne pense pas que le peuple algérien se soucie de voir le Président chaque jour. Ce qui les intéresse est de savoir si l’Algérie, avec tous ce qui ne va pas autour, se maintient bien. L’État fait son travail. Les institutions fonctionnent le plus normalement du monde. Et il faut en être fier.

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