La vague de froid de ces derniers jours a provoqué une augmentation de la demande en gaz butane. Pour faire face à cette situation, Naftal a mis en place un dispositif spécial sur lequel le PDG Hocine Rizou revient dans cet entretien.
Comment a évolué la consommation de gaz butane et de quelle façon Naftal répond-elle à la demande ?
La campagne GPL hivernale d’approvisionnement se prépare à partir du mois de mai avec tout un dispositif qui est mis en place. Un travail est élaboré au niveau central et au niveau des régions. Toute une cellule a été mise en place pour le suivi et l’application de ce dispositif. Dans le cadre de celui-ci, nous avons identifié toutes les régions enclavées et à haut risque d’isolement durant l’hiver. Une fois identifiée, nous avons travaillé sur les mesures nécessaires, dont le renforcement de la distribution grâce aux mini-centres mobiles de production de butane. Il y a aussi toute une logistique qui suit avec le transport et l’approvisionnement.
Au niveau de ces localités enclavées, nous avons travaillé en étroite collaboration avec les autorités locales : wilayas, daïras et communes où nous avons mis en place des zones stratégiques avec des stocks de butane. Ces stocks ne sont utilisés qu’en cas de coupures de routes, comme c’est le cas avec la situation que nous vivons ces jours-ci.
Durant ces 48 heures, la consommation à pratiquement augmenté de 64% par rapport à la moyenne nationale. Normalement, les ventes sont de 350 000 à 400 000 bouteilles par jour alors qu’en ce moment, nous en sommes à 600 000, voire 700 000 bouteilles vendues par jour. Dans le cadre de ce dispositif, nous avons aussi mis sur le marché plus de 1,2 million de bouteilles neuves, vendues en 48 heures. Cela a contribué à répondre à cette situation hivernale exceptionnelle. Le dispositif est décentralisé et nous suivons heure par heure l’évolution pour rendre le produit disponible en continu. Nous pouvons rassurer les consommateurs. Il n’y a pas eu de problèmes d’approvisionnement malgré le fait que les ports soient aussi consignés depuis quinze jours.
(Crédits : Z. Rahmouni – TSA ©)
Quelles sont les dispositions pour le gasoil et l’essence ?
Pour les autres types de carburants, le problème ne se pose pas car la situation est normale. Les stocks sont élevés et disponibles. La distribution fonctionne comme prévue.
La hausse des prix du gasoil et de l’essence a-t-elle impacté la consommation ?
Il y a eu une augmentation assez modérée. Maintenant, la consommation s’est stabilisée donc si on fait le bilan des dix premiers jours de 2017, nous sommes dans les mêmes tendances qu’en début 2016.
Il est trop tôt pour faire un bilan, mais il faut savoir qu’en 2016, nous avons noté une baisse de la consommation des essences qui a été suppléée par l’augmentation de l’utilisation du GPL/C, communément appelé le « Sirghaz ». Il y a une décision des pouvoirs publics visant à stimuler la consommation de ce produit écologique, disponible et qui, économiquement parlant, n’est pas cher du tout.
Le GPL/C coûte 9 dinars le litre alors que l’essence est trois fois plus chère. Sur le bilan 2016, nous avons une croissance moyenne nationale de 20% par rapport à 2015. Pour 2017, nous comptons arriver à une croissance de 50% par rapport à 2016. Pour cela, il y a des investissements qui ont été opérés avec un programme de 1000 stations-services dotées en GPL/C qui viennent s’ajouter aux 600 points de vente déjà existant. Cela rentre dans le cadre du programme de développement. Les financements sont là, le budget est déjà alloué.
Par ailleurs, les besoins en produits pétroliers ont doublé sur les deux dernières années, nous sommes passés de 7 millions à 17 millions de tonnes. Cela nécessite des investissements en matière de capacité de stockage. Actuellement, celle-ci est de 660 000 Tonnes mais nous passerons à 2,2 millions de tonnes à l’horizon 2020-2021. Ce qui nous donnerait une autonomie de 30 jours en matière de capacité de stockage nationale alors que l’on est de 10 à 12 jours actuellement. Pour les carburants, nous avons aussi des projets de transport par canalisation. L’objectif est qu’en 2020-2021, nous puissions transporter 70% des produits pétroliers par canalisation contre 30% aujourd’hui. Cela aura un impact important sur l’environnement, avec moins de camions sur les routes et aussi moins d’accidents.
Nous investissons aussi dans des centres de conversion GPL/C parce qu’il faut que les automobilistes puissent en trouver pour convertir leurs véhicules. Nous en avons 34 et en 2017, nous comptons en ouvrir plus de 30. En plus de cela, nous avons signé une convention avec l’Ansej pour les jeunes qui seraient intéressés par l’investissement dans de mini-centres de conversion. Naftal prendrait en charge une partie de leurs formations.
(Crédits : Z. Rahmouni – TSA ©)
Quelle est la part des carburants importés dans la consommation ?
Je n’ai pas les chiffres exacts mais elle ne dépasse pas les 15-20%.
Il y a eu une polémique sur la qualité des carburants algériens, quel est votre avis sur le sujet ?
Le carburant algérien est aux normes et aux standards internationaux. Ce qu’il faut savoir c’est que nous distribuons un produit stratégique. En plus du contrôle au niveau de Sonatrach, il y a aussi un contrôle qualité lorsque le produit arrive dans les centres de stockage Naftal. Nos laboratoires effectuent également un troisième contrôle qualité à la sortie des dépôts.
Qu’en est-il de la répartition et de la qualité des stations-service Naftal à travers le territoire algérien ?
Nous avons plus de 600 stations-service. Dans le cadre du projet de développement à l’horizon 2030, nous avons lancé la rénovation et la modernisation des stations-service. Nous en sommes à 60% de ce programme. Nous projetons d’offrir des stations modernisées avec de nouveaux services hors-fuel.
Et concernant les stations de l’autoroute Est-Ouest ?
Pour l’autoroute Est-Ouest, nous avons 42 stations programmées. Une trentaine d’entre elles ont été livrées et sont en services. Sur la douzaine qu’il reste, il y en a cinq pour lesquelles les chantiers n’ont pas démarré pour des raisons techniques ou des problèmes de foncier. Le reste sera livré à l’horizon 2017.
Nous travaillons aussi sur la réalisation de 136 méga-stations. C’est un programme qui a été lancé et qui va jusqu’à 2025. En 2016, nous avons démarré six de ces stations. À partir de 2017, nous comptons en lancer une vingtaine chaque année. Elles viendront en appui au réseau existant. La consommation augmente donc, nous devons nous adapter. Ces stations seront situées à la sortie des grandes agglomérations pour répondre au flux de demande supplémentaire. Ce seront des stations prestiges où on pourra trouver des services de restauration, des magasins, des kiosques et même des services d’hôtelleries pour certaines d’entre-elles.
Qui va gérer ces services ? Naftal ou des opérateurs privés algériens ou étrangers ?
Nous préférons travailler en partenariats avec des spécialistes de ces métiers. Nous n’avons pas encore de noms car nous sommes toujours en négociations. Nous privilégions des opérateurs algériens.
(Crédits : Z. Rahmouni – TSA ©)
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