Samedi 14 janvier, la Tunisie a célébré le sixième anniversaire de la chute du président Zine el Abidine Ben Ali. Pour cette occasion, un rassemblement a eu lieu sur l’avenue Habib Bourguiba à Tunis, où des concerts et des discours politiques ont été organisés. Des slogans ont été scandés par l’opposition contre la situation économique et le terrorisme.
Le bilan des six dernières années est mitigé. La libération de la presse et de l’expression sont saluées, comme l’est la mise en place du processus démocratique, l’alternance pacifique au pouvoir et l’élaboration de la Constitution. Le journal Le Temps souligne aussi la tenue de la conférence internationale de l’investissement Tunisia 2020 en novembre 2016, qui a généré “des engagements et des promesses totalisant plus de 30 milliards de dinars”.
Mais la précarité de la situation économique du pays continue de donner lieu à une revendication populaire, en particulier chez les jeunes, déçus de ne pas avoir trouvé les opportunités qu’ils espéraient. Dans le pays, le chômage a atteint 15.6%, et la baisse du pouvoir d’achat atteint 40%, rapporte l’Economiste Maghrébin.
Aussi, des centaines de manifestants chômeurs se sont confrontés samedi aux forces de l’ordre. Dans la région de Sidi Bouzid, d’où sont parties les manifestations contre Ben Ali après l’immolation d’un jeune marchand ambulant Mohammed Bouazizi le 17 décembre 2010, mais aussi à Ben Guerdane, près de la frontière libyenne, et à Meknassi et Gafsa, des chômeurs ont brûlé des pneus, bloqué des routes et scandé des slogans de 2011 comme “travail, liberté, dignité, patrie”.
À Gafsa, le président Essebsi a été accueilli par des jets de pierres et le convoi présidentiel a été contraint de changer de chemin, rapporte Reuters. La présidence a cependant annoncé des projets de développement qui devraient créer des emplois dans la région de Gafsa, riche en phosphates dont les exports ont été freinés par les manifestations.
“Sur le plan économique, le développement du pays, la mise en œuvre des réformes essentielles, la refonte d’un modèle de développement ne font pas l’objet d’un consensus, ni d’une convergence des positions même des alliés au pouvoir”, déplore Nejib Ouerghi dans Réalités.
Pour Cherif Khraïfi, membre du bureau national de l’Union nationale des diplômés chômeurs, «si le chômage persiste encore c’est parce que les gouvernements de l’après 14 janvier 2011 ont déçu les attentes des chômeurs et ont échoué à établir un nouveau modèle de développement qui rompe définitivement avec le modèle de Ben Ali », rapporte l’Economiste Maghrébin.
Le chercheur Béligh Nabli pose dans le même journal l’hypothèse que l’aide internationale et les investissements issus de la conférence Tunisie 2020 constituent “une sorte de Plan Marshall”, qui servirait de mise à l’épreuve de la bonne gouvernance de l’État.
La situation sécuritaire reste elle aussi un sujet de préoccupation, avec la question posée par le retour au pays des Tunisiens qui ont rejoint les rangs de l’État islamique.
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