Cinq jours après l’annonce de la décision de Donald Trump interdisant l’entrée aux États-Unis pour les ressortissants de sept pays musulmans, les réactions d’indignation continuent de pleuvoir. La hâte avec laquelle ce décret a été mis en oeuvre a « déchaîné le chaos », selon le New York Times.
| LIRE AUSSI : Décret de Trump sur l’immigration : indignation dans les pays concernés
Les critiques d’Obama
Aux États-Unis, les manifestations se sont poursuivies hier mardi à travers plusieurs États. L’ex-président Barack Obama a pris la parole lundi pour saluer l’activisme contre le décret de son successeur. Selon son porte-parole, Barack Obama « est fondamentalement en désaccord avec la notion de discrimination contre des individus à cause de leur foi ou de leur religion ».
La chef de file des démocrates à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a déclaré que « les actions du président étaient non seulement inconstitutionnelles, mais immorales ». Andrew Cuomo, gouverneur de l’État de New York, a pour sa part assuré que son bureau offrirait une aide juridique à ceux qui sont retenus dans les aéroports de New York. Le maire de New York, Bill de Blasio, a lui aussi promis aux New-Yorkais musulmans que New York et sa police les protégeraient, selon Reuters.
Le silence de la majorité des pays musulmans
À l’étranger, le gouvernement irakien n’a pas fait de commentaire sur le décret, mais certains membres de Parlement irakien souhaitent que Bagdad prenne des mesures similaires contre les États-Unis, selon Reuters. Le leader chiite Moqtada al-Sadr a estimé que les Américains devraient quitter l’Irak. « Il serait arrogant de votre part d’entrer librement en Irak et dans d’autres pays alors que vous leur interdisez d’entrer dans votre pays… Et par conséquent, vous devriez faire partir vos ressortissants ».
L’Iran, qui avait décidé d’appliquer la réciprocité, a finalement choisi de permettre aux Américains porteurs de visa iranien d’entrer dans le pays. « À la différence des États-Unis, notre décision n’est pas rétroactive. Tous ceux avec un visa iranien valide seront accueillis avec joie », a expliqué le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif.
| LIRE AUSSI : Donald Trump et l’Arabie saoudite font front commun contre l’Iran
Au Soudan, les autorités ont affirmé que le décret envoyait un « message négatif », les États-Unis ayant récemment décidé de lever les sanctions économiques contre le pays suite à sa coopération dans la lutte contre le terrorisme.
La Ligue arabe a, pour sa part, exprimé de profondes inquiétudes et a déclaré que les restrictions n’étaient pas justifiées. L’Indonésie, qui a la plus importante population musulmane au monde, a déclaré « profondément regretter » la décision de Trump. Mais le silence de nombreux pays à majorité musulmane a été critiqué par les médias internationaux.
La leçon d’Angela Merkel
En Allemagne, la chancelière Angela Merkel a déclaré, via son porte-parole, que la lutte mondiale contre le terrorisme n’était pas une excuse pour les mesures prises par Donald Trump, et « ne justifie pas de mettre la suspicion générale sur des personnes d’une origine ou d’une religion particulière ». Au cours d’un échange téléphonique samedi, la chancelière a exprimé ses inquiétudes à Donald Trump et lui a rappelé que la Convention de Genève exigeait que la communauté internationale accueille les réfugiés de guerre pour des raisons humanitaires.
Jean-Marc Ayrault, ministre français des Affaires étrangères, a déclaré, lors d’une visite à Téhéran, qu’il souhaitait l’annulation du décret de Trump, et a affirmé, selon Reuters : « Le terrorisme ne connaît pas de nationalité. La discrimination n’est pas une réponse. »
En Italie, le premier ministre Paolo Gentiloni a affirmé qu’une société ouverte, une identité plurielle et l’absence de discrimination étaient les « piliers de l’Europe. » Les gouvernements suédois et norvégien ont aussi fait part de leur opposition au décret. Le ministre danois des Affaires étrangères a tweeté : « La déclaration américaine de refuser l’entrée de personnes venant de certains pays n’est pas juste. »
Justin Trudeau, Premier ministre canadien, a une nouvelle fois réitéré la volonté canadienne d’accueillir ceux qui fuient la persécution, la terreur et la guerre, « quelle que soit votre nationalité ».
| LIRE AUSSI : Donald Trump annonce un changement de doctrine face à l’Europe
Les patrons américains se mobilisent
Dans la Silicon Valley où sont implantés les géants de l’interne et des technologies, les réactions ont été vives de la part des patrons. Le co-fondateur de Google et 13e fortune des États-Unis, Sergueï Brin, a déclaré : « Je suis ici parce que je suis moi-même un réfugié », rapporte Le Monde.
Passant par son propre réseau social, Twitter a tweeté : « Twitter est construit par les immigrants de toutes religions. Nous sommes de leur côté et avec eux, toujours. » Mark Zuckerbeg, PDG de Facebook, a critiqué la décision : « Si nous avions rejeté les réfugiés il y a quelques décennies, la famille de mon épouse (originaire de Chine) ne serait pas là aujourd’hui. »
Tim Cook, PDG d’Apple et successeur de Steve Jobs, dont le père est syrien, a quant à lui déclaré dans un email à tous les employés de la marque que « Apple ne pourrait pas exister sans l’immigration ».
Le PDG de Netflix, Reed Hastings, a affirmé : « Les actions de Trump […] sont tellement non américaines qu’elles nous font du mal à tous. Pire, ces actions rendront l’Amérique moins sûre (à travers la haine et la perte d’alliés), et pas plus sûre », selon le Washington Post. Le PDG d’Airbnb a tweeté que sa plateforme fournirait un logement gratuit aux réfugiés et à tous ceux qui n’étaient pas admis aux États-Unis. Le géant de l’automobile Ford a également critiqué la décision.
| LIRE AUSSI : États-Unis : le début de mandat très offensif de Trump
Trump se défend, limoge la ministre de la Justice
Malgré les critiques, Donald Trum persiste et signe. Hier, il a limogé la ministre de la Justice par intérim. Sally Yates refusait de défendre le décret sur l’immigration.
La Maison Blanche est toutefois revenue sur une partie du décret, en déclarant que les porteurs de carte verte ne seraient pas empêchés de rentrer aux États-Unis. Cependant, le chef de cabinet à la Maison Blanche a déclaré que les agents à la frontière avaient une « autorité discrétionnaire » pour retenir et interroger les voyageurs suspects en provenance de certains pays.
Sur le même sujet :
- L’inquiétante dérive de Donald Trump
- Quelle sera la politique de Donald Trump en Afrique ?
- Quel est l’impact de l’élection de Trump sur les pays musulmans et le conflit au Sahara occidental ?
- L’Algérie parmi les pays ciblés par Donald Trump dans sa politique d’immigration
- Que peut attendre l’Algérie de la présidence de Trump ?
Cet article Donald Trump suscite un tollé mondial, le silence de la majorité des pays musulmans critiqué est apparu en premier sur TSA Algérie.