La logique économique pour effacer les divergences politiques

Un vent d’apaisement venant d’Orient souffle sur Alger. Après la «remise sur  les rails» des relations avec l’Arabie Saoudite, voila que l’allié n°1 du royaume se remet à fréquenter la capitale algérienne. L’émir du Qatar, cheikh Tamim Bin Hamad Al Thani, a entamé hier une «visite de fraternité» à Alger à l’invitation du président Abdelaziz Bouteflika. Le dossier «Printemps arabe» qui avait clairement attiré sur Alger l’inimitié des pays du Golfe semble bien fermé, surtout après l’intervention russe en Syrie, pour laisser place aujourd’hui au rapprochement économique. Tamim Bin Hamad Al Thani, dont la discrétion tranche avec l’arrogante attitude de son père déchu, est arrivé à Alger hier en début de soirée après avoir participé, dans la matinée à Tunis, à l’ouverture de la Conférence économique destinée à remettre notre voisin de l’est «sur la carte de l’investissement». La visite du cheikh Tamim intervient aussi à la veille de l’importante réunion de l’Opep à Vienne, devant aboutir si toutes les parties y consentent, à réduire l’offre de pétrole sur le marché. Le Qatar s’est même montré favorable à l’Accord d’Alger conclu en septembre dernier en vue d’une réduction de la production. Le petit émirat aux grandes ambitions a même réédité son soutien au ministre algérien de l’Energie, qui a joué au médiateur entre les producteurs énergétiques du Golfe et leurs concurrents russes et iraniens. Avant même de prendre le chemin d’Alger, Cheikh Tamim s’était entretenu avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dans la capitale tunisienne, en marge de la conférence sur l’investissement en Tunisie. Une rencontre qui a vu la présence du ministre de l’Industrie, Abdesselam Bouchouareb, donnant déjà le ton à une orientation économique de la visite de l’émir du Qatar. Alger n’a d’ailleurs pas fait dans la discrétion, ces derniers temps, dans ses appels à l’investissement étranger. Les membres du Forum des chefs d’entreprise ne ratent d’ailleurs aucune sortie diplomatique du Premier pinistre pour participer à «l’entreprise de séduction» auprès des investisseurs étrangers. Le Qatar, dont les capitaux inondent même l’Europe, ne cache pas non plus son ambitieuse volonté d’entrer de pied ferme dans le marché maghrébin. Hier, Tamim Ben Hamad a d’ailleurs annoncé, à Tunis, une généreuse donation de 1,25 milliard de dollars pour soutenir l’économie tunisienne. Une Tunisie qui a présenté 140 projets d’une valeur de 30 milliards de dollars sur la table de l’investissement étranger. La visite en Algérie de l’émir du Qatar, qui n’éludera pas la discussion autour de l’évolution des dossiers politiques brûlants, notamment les guerres provoquées par le Printemps arabe en Libye et en Syrie, où le rôle joué par le Qatar n’est pas un secret, sera toutefois habillée du manteau de la «real-économie» et mettra sur la table de l’hôte qatari les besoins en investissement proposés par l’Algérie. Le Qatar est déjà présent dans un certain nombre de projets mixtes, notamment dans les secteurs de l’industrie, des mines et de l’énergie. Alger et Doha, qui laissent de côté la passion, aidés par la discrète attitude de l’émir du petit et riche Etat du Golfe, retrouvent des points de convergence de positions dans la féroce concurrence qui s’est emparée du marché gazier international. La crise financière, qui a surtout impacté l’Algérie du fait de la baisse des prix du pétrole, pousse les deux Etats à chercher des issues mutuellement profitables. Une question s’impose toutefois sur la fiabilité du rapprochement avec un Etat dont la raison d’être est aussi de servir l’expansion de l’empire...  

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