Irak : les populations sunnites entre la barbarie de Daesh et la sauvagerie des milices chiites

Les autorités irakiennes ont annoncé dimanche 26 juin la reprise totale de la ville de Fallouja des mains de l’État islamique. Les forces irakiennes, composées des troupes gouvernementales et des milices majoritairement chiites, avaient lancé une vaste opération de reconquête de cette ville sunnite, située à 50 km à l’ouest de Bagdad.

Selon l’Organisation internationale pour les migrations, 86 000 civils ont fui leur maison durant la bataille de Fallouja et plusieurs autres ont servi de boucliers humains pour les combattants de l’État islamique. De leur côté, les Nations unies ont fait état de plusieurs exactions commises par les milices chiites.

Un scénario déjà vu

Créées en 2014 après la prise par l’État islamique de plusieurs territoires en Irak, les Forces populaires de mobilisation (FMP, appelées aussi Unités de mobilisation populaire) ont répondu à l’appel de l’ayatollah Ali Sistani, le leader des chiites irakiens. Selon la chaîne d’information Euronews, les effectifs de ces unités avoisinent aujourd’hui les 80 000 hommes.

Bien qu’il existe quelques groupes sunnites, chrétiens et yézidis, la composition majeure de ces forces non régulières demeure essentiellement dominée par les groupes chiites. Ce détail, qui n’a échappé à personne, posait déjà problème depuis leur création, sachant que les zones contrôlées par Daech sont majoritairement habitées par des populations sunnites.

Cette minorité sunnite irakienne, qui représente 30 à 35% de la population selon le Huffingtonpost, a déjà subi des violences et des exactions après la chute du régime de Saddam Hussein en 2003. Des exactions qui l’ont poussée dans les bras d’Abou Moussab Al-Zarquaoui, chef de la branche irakienne d’Al-Qaïda, ancêtre de Daech.

Une population entre deux feux

Aujourd’hui, comme en 2004 lors de la première et de la deuxième bataille de Fallouja, les habitants sunnites de cette province se retrouvent une nouvelle fois entre la barbarie de Daesh et la sauvagerie des milices chiites.

Selon un rapport publié Human rights watch (HRW) du 9 juin, des exactions ont été commises sur des civils lors de la reprise des villages limitrophes à Fallouja par les forces irakiennes et les FMP depuis le 23 mai. Le rapport dénonce les détentions arbitraires, les disparitions et les exécutions sommaires.

De son côté, le porte-parole du conseil des tribus irakiennes, Faiez Achaouch, a déclaré à la chaîne d’information Sky News Arabia que la population sunnite de Fallouja subissait une « extermination collective ».

Le chef tribal a indiqué que les milices chiites ont brûlé des cadavres, enterré plus de 400 personnes vivantes et décapité 17 autres dans le village d’Almokhtar, au nord de la ville de Fallouja. En outre, selon lui, plus de 35 000 réfugiés seraient détenus par les forces irakiennes dans des conditions difficiles.

Face à cette situation, le premier ministre irakien, Haider Al Abadi, qui a refusé de retirer les FMP de la ville, a mis en place une commission des droits humains chargée d’enquêter sur les abus qu’ont commis ces milices sans pour autant calmer les inquiétudes des habitants de la ville. Mais ces annonces ne convainquent personne.

À l’heure où l’opération militaire en vue de récupérer Mossoul bat son plein, les réfugiés de Fallouja restent massés dans des camps de fortune où les conditions de vie sont « désastreuses ». Ces civils, qui ont « fui un cauchemar pour en découvrir un autre », selon le directeur pour l’Irak du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), pourraient à nouveau s’allier avec l’État islamique.

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