Emprunt obligataire : le FCE se défend de faire de la politique, les patrons sceptiques

Le Forum des chefs d’entreprise (FCE) a levé, lors d’une soirée organisée hier, mardi 28 juin, un montant de près de 153 milliards de dinars de souscriptions à l’emprunt obligataire de l’Etat. Près de 800 entreprises publiques étaient présentes. Dans quelles conditions? Qui s’est engagé le plus?  Ce qu’en pensent les chefs d’entreprises?… TSA vous livre les coulisses de l’événement du FCE.

Un emprunt « obligatoire »

Lors de de l’allocution d’ouverture, le FCE, par le biais du président du Jil’FCE, Toufik Lerari, s’est défendu de toute politisation de cet emprunt et revendique d’être dans l’action concrète. Il (le FCE) estime même être à l’origine de l’initiative du lancement de l’emprunt obligataire.

C’est alors que Lerrari donne « la consigne de la soirée », selon ses dires. Chaque membre présent doit s’engager à souscrire le plus possible, à travers des formulaires individuels soigneusement distribués. Ces enveloppes d’engagement doivent ensuite être glissées dans les urnes posées sur chaque table.

Seulement, cette « consigne de vote » ne passe pas auprès de certains chefs d’entreprises: « c’est devenu un emprunt obligatoire et non obligataire », ironise l’un d’entre eux. « On nous met devant le fait accompli, peste un de ses confrères. Pire, d’autres font état de pressions et d’intimidations notamment de la part de cadres du FCE.

Les plus gros souscripteurs

Sur les 800 entreprises présentes, près de 270 se sont engagées à souscrire. Certaines ont été autorisées à redéclarer des montants déjà annoncés et souscris auprès de leurs établissements financiers auparavant. Une manière d’adoucir les pressions et, surtout, de pouvoir annoncer un chiffre élevé pour  de souscription lors de cette « soirée de mobilisation ».

L’ensemble des souscriptions (lors de cette soirée du FCE) devront passer par la société spécialisée en placement de valeurs du Trésor, la SVT CIAR, représentée par Hakim Soufi, dirigeant de la société d’assurance Macir Vie, filiale du groupe privé CIAR.

Ce qu’en pensent les chefs d’entreprises

Interrogés sur la pertinence de cet emprunt obligataire, les chefs d’entreprises s’accordent à louer l’importance de dynamiser le marché financier. Cet emprunt peut également constituer un « début de solution », bien qu’insuffisante, aux problèmes de financement de l’économie et sortir de la dépendance totale au budget de l’Etat.

Seulement, la plupart se montre sceptique sur son utilité dans les conditions actuelles: « c’est une solution de facilité à court terme », car les pouvoirs publics refusent de s’attaquer aux véritables questions que sont « les réformes structurelles ». « Il faut régler le problème des dépenses et subventions de l’Etat, moderniser les administrations économiques (impôts, banques…) », prévient un chef d’entreprise.

Un autre regrette un manque de transparence dans la gestion de cet emprunt obligataire: « on ne sait pas à quoi ces sommes sont destinées. Il aurait fallu faire une liste de projet, les budgétiser et les présenter ». Ce qui aurait donné davantage de crédibilité à l’initiative, confirme un dirigeant d’entreprise.

D’autres se montrent beaucoup plus enthousiastes, louant le grand succès, sur le plan de la mobilisation, une preuve des « capacités de prise de responsabilité » des entreprises, ainsi qu’un témoignage de maturité de la part de ces dernières. Certains affirment également que c’est le meilleur investissement que l’on puisse trouver sur la place d’Alger, tant il est sécurisé et il propose un taux d’intérêt supérieur à l’inflation.

Sauf que plusieurs chefs d’entreprises relèvent des incohérences, voire des risques. Tout d’abord, l’inflation réelle risque d’être supérieure, notamment avec la poursuite de la dépréciation du dinar.

Par ailleurs, les banques peuvent faire valoir les montants des obligations placées pour se refinancer auprès de la Banque d’Algérie [à hauteur de leurs placements, NDLR], indique un membre du FCE. Or, ceci équivaut à « faire tourner la planche billet », estime-t-il. En effet, lorsque les banques vont se refinancer, pour les montants mobilisés pour l’emprunt obligataire, cela fait de la création monétaire, conclu-t-il.

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