Boissons trop sucrées : les producteurs reconnaissent des abus, adoptent un plan de réduction

Les sodas, les boissons aromatisées et les jus de fruits commercialisés en Algérie sont trop sucrés. Les producteurs de boissons admettent des abus dans la consommation de sucre, de sel et de matières grasses. Le gouvernement veut réduire le taux de sucre dans les boissons.

Selon des emails que nous avons consulté, une réunion s’est tenue la semaine dernière entre les représentants des ministères du Commerce et de la Santé, et les professionnels du secteur, notamment l’Association des producteurs algériens de boissons (Apab) qui représente 45 producteurs, soit 85% de la production.

Un réel problème de santé publique 

Durant cette rencontre, plusieurs intervenants ont exprimé leurs inquiétudes et plaidé pour des mesures strictes en matière de santé publique. Certains professionnels de la santé présents lors de la réunion de travail ont proposé de taxer davantage les produits agroalimentaires riches en sucre, c’est notamment la position défendue par le professeur Mostefa Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem).

Une modification de la législation est également privilégiée par Abdelwahab Ziani, président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa). Ce dernier « préconise de légiférer par décret exécutif pour imposer une réduction annuelle de 5 grammes de sucre dans les produits agroalimentaires jusqu’à arriver à une réduction maximum de 25% ». L’Apab partage le constat d’ « une consommation abusive de sucre, de sel et de matières grasses », tout en affirmant avoir entamé une « réflexion autour de la réduction du sucre ».

De leur côté, les pouvoirs publics demandent des résultats probants dès la fin de l’année 2016. La rencontre fait suite à celle organisée le 16 mai et durant laquelle les différentes parties s’étaient engagées à mettre en place une stratégie pour la réduction du sucre dans les denrées alimentaires.

Les producteurs demandent du temps

Une nouvelle rencontre portant exclusivement sur la réduction du taux de sucre contenu dans les boissons, a eu lieu hier mercredi au ministère du Commerce, indique Ali Hamani président de l’Apab. « Ce qui a été discuté c’est un ensemble de mesures d’accompagnement en matière d’information vis à vis des consommateurs, sur l’étiquetage et les informations nutritionnelles et puis aussi de fixer le taux maximum de sucre dans les boissons à 135g/l d’ici fin 2016 ».

Cette première étape, « en attente de la décision du ministre » vise à mettre en conformité certains producteurs chez qui le taux de sucre par litre peut atteindre les 145 grammes alors que la moyenne actuelle s’établie à 120g/l. D’autres producteurs ne dépassent pas les 100g/l, explique par ailleurs le responsable de l’Apab.

Dans un second temps et suite à l’étude des expériences d’autres pays en la matière, les professionnels envisagent une réduction progressive de « 5 grammes ou 5% par an ou tous les deux ans ». L’objectif est d’atteindre le seuil de 100g/l, standard admis dans la plupart des pays industrialisés sans qu’aucune « norme internationale n’existe », souligne Ali Hamani.

Interrogé sur la longueur du délai envisagé par les producteurs (cinq à six ans), le président de l’Apab justifie cela par l’adaptation nécessaire du consommateur. « Est-ce que le consommateur algérien va admettre une réduction brusque du taux de sucre dans certains produits. Il risque d’y avoir un rejet », soutient M. Hamani « L’expérience a été faite dans d’autres pays, et des produits ont été complètement rejetés ou bien les consommateurs rajoutaient le sucre par eux-mêmes ! L’essentiel est d’arriver à habituer le consommateur à consommer moins de sucre sans qu’il ne se rende compte ».

Pourquoi les boissons vendues sur le marché sont-elles aussi sucrées ? « Même chez les enseignes internationales, le taux de sucre est toujours plus important au Moyen-Orient et en Afrique qu’en Europe. Elles s’adaptent au palais du consommateur », répond Ali Hamani, « le consommateur algérien fait partie d’une étude globale en Afrique. Le taux du sucre au Maroc et en Tunisie est le même ».

Selon le responsable de l’Apab, l’engagement des producteurs ne sera pas effectif sans des mesures accompagnatrices. D’abord, en matière d’étiquetage pour informer le consommateur sur le taux de sucre réel qui existe dans le contenu effectif et non par litre. Ensuite en mettant en place une campagne de sensibilisation destinée aux consommateurs et en interdisant par exemple l’utilisation d’enfants de moins de 12 ans dans les publicités pour boissons sucrées. Les pouvoirs publics devront se montrer fermes, en sanctionnant les producteurs qui ne respecteraient pas les seuils imposés, suggère Ali Hamani.

Proposition échéancier contenance en sucre - juin 2016-1

Proposition échéancier contenance en sucre - juin 2016-2

Proposition échéancier contenance en sucre - juin 2016-3

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