Dans une interview accordée au Journal du Dimanche, Martin Kobler, envoyé spécial de l’ONU en Libye, revient sur la présence de Daech favorisée par la situation chaotique que traverse le pays.
« 2 000 ou 3 000 » éléments de l’EI dans la région de Syrte
Selon le diplomate allemand, la communication est impossible entre les trois gouvernements que compte actuellement le pays. « On ne sait même pas où se trouvent certains de ses représentants », a-t-il déclaré à propos du gouvernement non reconnu siégeant à Tripoli. À l’Est, le général Khalifa Haftar, à la tête du gouvernement situé à Tobrouk, refuse de s’entretenir avec l’émissaire de l’ONU et les responsables du nouveau gouvernement d’union nationale installé à Tripoli.
Il est « difficile de convaincre Haftar. Il refuse de nous parler », déclare Kobler qui ajoute que le général libyen, autoproclamé chef de l’Armée libyenne nationale (ALN), « ne dispose pas d’une armée comme il le prétend. Son armée est la somme d’anciens kadhafistes, de mercenaires venant du Soudan ou du Tchad ».
Les entraves à la mise en place du nouveau gouvernement d’union nationale, dirigé par Fayez El Sarraj, influent directement sur la situation sécuritaire du pays. Dans cet entretien, les propos de l’émissaire allemand sonnent comme une réponse à l’interview accordée à itélé par le général Haftar il y a tout juste une semaine. Le militaire libyen déclarait alors à la chaîne française : « Nous ne sommes pas loin d’éliminer ces groupes terroristes », en parlant de l’EI. Si la bataille peut « prendre du temps », le militaire estime que l’organisation « n’a pas la capacité de faire face aux forces armées libyennes ».
Faux, selon Martin Kobler qui alerte sur l’expansion de Daech dans le pays. « Il y a un an, l’EI n’était rien en Libye ! Aujourd’hui dans la région de Syrte, on peut les estimer à 2 000 ou 3 000 et environ 2 000 dans le reste du pays ». Il appelle ainsi à la mise en place d’une armée régulière unie et moderne » capable de faire face à la menace terroriste.
L’EI veut « un désastre économique »
Selon les experts de l’ONU, les terroristes présents en Libye « sont beaucoup plus professionnels qu’il y a un an ». « 70% d’entre eux sont étrangers : Tunisiens, Algériens, Irakiens, Syriens, Marocains. Ce n’est pas un hasard si l’Algérie comme la Tunisie ont arrêté leurs vols pour Tripoli », poursuit Martin Kobler.
Les éléments de l’EI chercheraient également à nouer des contacts avec d’autres groupes terroristes actifs sur le continent. « On peut suspecter des connexions avec Boko Haram. L’expansion vers le Sud libyen est un signe de cette recherche de connexions », estime le diplomate. « Ils veulent s’attaquer au pétrole, pas pour contrôler la production mais plutôt pour conduire le pays vers un désastre économique », juge Martin Kobler.
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