Un mois après la conclusion du rachat du groupe de presse El Khabar par l’industriel Issad Rebrab, les choses se compliquent. Jugeant la transaction illégale, le ministère de la Communication saisit la justice il y a quelques jours pour demander l’annulation du rachat. Le tribunal d’Alger devrait examiner l’affaire le 2 mai prochain.
Une première dans l’histoire de la presse algérienne. Et un dossier potentiellement explosif.
Dans un communiqué publié ce mercredi 27 avril en fin de journée, El Khabar contre attaque, exprime son « étonnement » et se défend en allant sur le terrain juridique pour démonter les arguments du ministère de la Communication.
« La transaction présumée a eu lieu entre une société par actions El Khabar et M. Issad Rebrab est dénuée de tout fondement », avance le groupe avant de confirmer la transaction. « Ce qui s’est passé est la cession effectuée par des actionnaires du journal de leurs actions à la société Ness-Prod qui est une filiale de Cevital », écrit-il sans fournir la part des actions concernées par la transaction.
El Khabar rappelle que Liberté n’est pas la propriété de M. Rebrab mais celle de la société algérienne d’édition et de communication (Saec) dont Issad Rebrab est l’un des actionnaires. Pour le groupe de presse, le ministère de la Communication s’est basé sur l’article 25 du Code de l’information pour « induire en erreur l’opinion publique ».
« Art. 25. —
Une même personne morale de droit algérien ne peut posséder, contrôler ou diriger qu’une seule publication périodique d’information générale de même périodicité éditée en Algérie. »
« La société Ness-Prod qui est devenue actionnaire (d’El Khabar) avec six autres actionnaires n’est pas propriétaire, ne contrôle et ne gère aucune publication », indique El Khabar qui affirme également que la cession des actions a eu lieu en « toute transparence et selon la réglementation et le statut de la société El Khabar ».
Sauf que le gouvernement a plus d’un tour dans son sac. L’article 25 semble n’être qu’un leurre. En fait, le ministère de la Communication se base surtout sur l’article 17 du même Code, beaucoup plus clair et plus contraignant que le 25.
Selon cet article :
« Art. 17. —
Dans le cas de vente ou de cession de la publication périodique, le nouveau propriétaire doit demander un agrément conformément aux modalités prévues aux articles 11, 12 et 13 de la présente loi organique. »
Or, le nouveau propriétaire d’El Khabar n’a introduit aucune demande d’agrément. Autrement dit, le ministère de la Communication peut considérer que le journal est imprimé sans agrément et donc demander à la justice d’empêcher sa parution.
Dans cette affaire, une chose est sûre : Issad Rebrab, qui a déboursé la coquette somme de 4 milliards de dinars, risque d’être le grand perdant de l’affaire.
D’ailleurs, le gouvernement était au courant de la transaction. Mais il semble avoir préféré laisser l’industriel la conclure pour mieux le piéger.
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