Depuis quelques jours, les zaouïas sont au cœur de l’actualité. De retour de son exil forcé aux États-Unis, Chakib Khelil a entamé une tournée controversée dans ces lieux de culte. Beaucoup y voient une opération de réhabilitation orchestrée par le pouvoir. Ce dernier s’en défend. « Les zaouïas ne dépendent d’aucun département ministériel, les chouyoukh sont élus par héritage et par désignation. Les zaouïas ne sont pas politisées », a affirmé Mohamed Aissa, ministre des Affaires religieuses. Comprendre : le pouvoir n’a aucune emprise sur ces confréries religieuses.
Mais les zaouïas sont-elles réellement indépendantes du pouvoir ? Une chose est sûre : annuellement, le ministère des Affaires religieuses consacre un budget aux zaouïas sous forme d’aides. Un budget qui demeure secret. « Il est difficile de donner le chiffre exact de ces aides », explique Adda Felahi, conseiller de l’ancien ministre des Affaires religieuses Abdellah Gholammallah.
En plus des aides officielles accordées par le ministère, les directeurs des Affaires religieuses au sein de chaque wilaya peuvent décider d’octroyer des sommes d’argent aux zaouïas. Dans le budget détaillé du ministère des Affaires religieuses au titre de l’exercice financier 2016, il est prévu 65 millions de DA pour les associations religieuses d’intérêt général. En 2014 et en 2015, le budget s’élevait à 70 millions de DA.
Mais qui sont ces associations d’intérêt général ? Notre interlocuteur cite notamment les zaouïas. Il y a aussi l’Association des Oulémas musulmans et les petites associations qui activent au niveau local. « Mais la zaouïa reste la plus grande association d’intérêt général », précise Adda Felahi.
« Le poids de la zaouïa, son influence et son allégeance constituent les trois paramètres qui définissent le montant de chaque chèque. On octroyait 500.000 dinars à une petite zaouïa et plus d’un million de dinars à une grande zaouïa comme celle d’El Belkaidia à Tlemcen ou celle de Cheikh Benlekbir à Adrar », poursuit-il.
Ces aides ne permettent-elles pas au ministère de contrôler ces associations ? Ou du moins de les empêcher de faire de la politique ? Pour Adda Felahi, c’est le pouvoir qui tire les zaouïas vers la politique et non l’inverse. « Évidement, il y a certaines zaouïas qui sont contre la tournée de M. Khelil, mais elles n’osent pas réagir », soutient notre source. Pour lui, il n’y a aucun doute : « La tournée de Khelil est politique ».
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