Georges Tarabichi est un penseur syrien né à Alep et décédé mardi dernier, 29 mars. Il a été une grande figure de la réflexion arabe rationnelle et progressiste. À l’instar de son compatriote Michel Aflak et du Libanais Hocine Marwa, il a essayé d’introduire la rationalité dans un monde arabe empêtré dans la superstition, l’ignorance, la religiosité, le tribalisme et le communautarisme dont il avait compris dès les années soixante le danger qui pouvait déboucher sur des guerres civiles et la disparition de la cohabitation pacifique et fructueuse entre les tenants de cette mosaïque de religions (il y a une centaine de religions, croyances et sectes actuellement en Syrie et au Liban) qui a très souvent fonctionné dans de très bonnes conditions au niveau de la base populaire mais qui a souvent tenté les chefs de guerres et les agresseurs étrangers de mettre fin à un type d’État politique qui est laïc de fait et non par une quelconque constitution.
En effet, la laïcité au Moyen-Orient est une réalité due au pragmatisme des citoyens syriens, irakiens, libanais, jordaniens et palestiniens et non à la sagacité de leurs leaders politiques.
Toute sa vie, Georges Tarabichi a tenté d’enrichir cette « laïcité à l’amiable » comme il l’avait écrit dans un de ses nombreux ouvrages. Et c’est à la fin de sa vie qu’il découvrit que la théorie philosophique est souvent battue en brèche par l’intolérance politique vorace et opportuniste.
Georges Tarabichi est mort en regardant Alep, cette ville exceptionnelle où il a vécu et enseigné, crouler sous les bombes pour ne devenir qu’une ruine gigantesque qui a perdu son architecture, ses habitants et ses souks qui étaient jusqu’en 2011 les plus beaux du monde.
Mais Georges qui a été un philosophe de très grande ampleur et dont l’optimisme était légendaire, aurait dit : « On reconstruira à l’identique , comme les Libanais ont reconstruit Beyrouth à l’identique ! »
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