Amar Saâdani pour les nuls : décryptage

Il utilise un langage de ruse et de matoiserie. Amar Saâdani est un maître de la finauderie. Sa dernière interview est un modèle du genre. Le chef du FLN dit toujours le contraire de ce qu’il pense et, comme tout politicien parachuté, croit pouvoir duper son monde par des formules choc, parfois choquantes, mais jamais claires. Il faut toujours lire les déclarations de Saâdani avec le décrypteur adapté. Exemple de traduction de son interview publiée, mardi 29 mars, par TSA.

TSA : Le FLN tiendra demain à la Coupole le premier meeting de son initiative politique de soutien au Président, au même moment l’opposition se réunira à Mazafran. Des personnalités politiques appartenant au courant ont tourné le dos à votre démarche. Quel est votre commentaire ?

Réponse publiée : ce qui intéresse le FLN et ses alliés, c’est de construire un mur qui protège l’Algérie de ses ennemis internes et externes. On ne veut pas diviser. Bien au contraire, on souhaite unir la Nation. Mais j’ai l’impression que les gens n’ont pas bien saisi ces objectifs. L’opposition est libre de se réunir et d’afficher ses opinions. Nous sommes libres aussi d’exprimer notre vision. J’aurais souhaité seulement que l’opposition reconnaisse enfin qu’il y a une nouvelle dynamique politique en Algérie.

Traduction : ce qui intéresse le Cartel et ses alliés, c’est de construire nos fortunes et un mur qui protège nos fortunes. On déteste les mauvaises surprises. On veut tout contrôler, savoir ce que chacun fait à n’importe quelle heure de la journée. On souhaite unir la Nation sous notre commandement et l’avoir à l’œil.  L’opposition est libre de se réunir et d’afficher ses opinions, mais sous ma tutelle ! Je vais t’apprendre quelque chose, jeune homme : rien n’est plus excitant que de jouer à la démocratie quand c’est toi qui commande.  Mais j’ai l’impression que les gens ont très bien saisi mes objectifs. Tant pis. J’aurais souhaité seulement que l’opposition reconnaisse que nous avons une nouvelle façon d’embobiner les gens.

Le retour de Chakib Khelil en Algérie a suscité plusieurs lectures et interprétations…

Réponse publiée : c’est un retour qui permet d’abord de réhabiliter l’homme et tous les cadres lésés. C’est un retour qui met fin aussi aux menaces non justifiées à l’encontre des cadres honnêtes et propres.  Chakib Khelil a servi l’Algérie dans des moments difficiles. Chakib Khelil n’est pas une personnalité ordinaire ou un cadre ordinaire. C’est un haut cadre. Sa protection, sa défense ne s’inscrivent guère dans le cadre des clivages. C’est un devoir envers tous les cadres propres et compétents. Il faut cesser les mensonges et protéger les cadres de cette classe politique.

Traduction : c’est un retour qui permet d’abord de mettre cet imbécile à l’abri des enquêteurs italiens. Dans sa demeure du Maryland, il pouvait à tout moment être cueilli sur demande d’extradition de ces satanés juges de Milan. Tu réalises, avec tout ce qu’il sait sur nous, s’il se mettait à table ? Nous serions bons pour la potence. C’est qu’on parle de centaines de millions de dollars, jeune homme ! Bref, pour revenir à votre question, disons que c’est un retour qui met fin aussi aux menaces sur notre bande. Chakib Khelil nous a servis et s’est servi, ce qui est normal. Chakib Khelil n’est pas une personnalité ordinaire ou un cadre ordinaire. C’est un haut dignitaire de notre Cartel. Sa protection, sa défense s’inscrivent dans le cadre d’un devoir envers tous les fidèles serviteurs du Cartel. Il faut multiplier les mensonges et protéger les cadres de l’organisation.

Khelil renouera-t-il avec la gestion des affaires du pays ?

Réponse publiée : l’Algérie a besoin de Chakib Khelil et de tous ses cadres. Khelil peut revenir et renouer effectivement avec la gestion en tant que cadre de l’État et ce, peu importe le poste que va lui accorder le Président. C’est son droit et celui de tous les cadres lésés.

Traduction : le Cartel a besoin de Chakib Khelil et de tous ses cadres. Khelil peut revenir et renouer effectivement avec la rapine en tant que membre chevronné du Cartel et ce, peu importe le poste que va lui accorder le Président. C’est son droit.

Pensez- vous que Khelil va se retourner contre l’ex-patron du DRS, le général Toufik, que certains accusent d’être l’instigateur de ce « complot » contre les cadres ? Êtes-vous pour ou contre cette thèse ?

Réponse publiée : moi, je pense qu’il faut aller de l’avant et cesser de regarder dans le rétroviseur. Il faut rompre avec les haines et les rancunes. Mais cette question concerne effectivement Khelil et non pas le FLN.

Traduction : je vais te dire une bonne chose, l’ami : le gus, il n’a pas intérêt à trop remuer la m… par les temps qui courent, avec tous ces juges italiens qui lui collent au cul. Il ne faut pas trop en faire ! Il faut savoir se la boucler parfois. Si cet idiot de Khelil échappe aux enquêteurs de Milan, ce serait déjà un miracle. Alors, de là à aller chercher des poux sur la tête du général…

Vous avez promis aux Algériens l’État civil après la dissolution du DRS. Les choses ne semblent pas évoluer au rythme promis, même après le départ de Toufik et la révision de la Constitution.

Réponse publiée : les missions du DRS sont précisées par les lois algériennes. Je ne pense pas qu’un membre du DRS puisse aujourd’hui avoir une influence sur les institutions et les administrations. L’ordre est enfin rétabli. L’État civil nécessite du temps et ne peut être décrété en une journée. Il faut que la classe politique soutienne l’État dans cette démarche. Il ne faut pas oublier que les projets de loi découlant de la nouvelle Constitution n’ont pas encore vu le jour. Nous souhaitons que les choses aillent plus vite.

Traduction : tu as vu comment on les a neutralisés, les James Bond de Toufik ? Ça leur apprendra à farfouiller dans les besognes du Cartel. Je ne pense pas qu’un membre du DRS puisse aujourd’hui avoir le cran de s’approcher de notre territoire. L’ordre est enfin rétabli. Quant à l’État civil, c’était pour rire, gogo ! Qu’est-ce qu’on s’en fout de l’État civil ? Nous ne sommes pas contre l’État-DRS. Nous voulons juste un État-DRS qui soit à nous !

Vous ne ratez plus aucune occasion pour tirer sur Ahmed Ouyahia. Quel est votre problème avec le secrétaire général du RND ?

Réponse publiée : je n’ai aucun problème personnel avec Ahmed Ouyahia. Sauf qu’en ce qui me concerne, je n’ai aucune confiance en la personne du secrétaire général du RND. Ouyahia n’est pas honnête avec le Président. Son objectif est celui d’être candidat à la présidentielle de 2019. Cette candidature ne sera pas sur le dos du FLN et de ses militants. Je n’ai pas à le suivre dans cette orientation. Et je ne ferai aucun pas à ses côtés. Ouyahia est parfaitement conscient de la position du secrétaire général du FLN par rapport à sa candidature. Il doit savoir que cet avis est partagé par tous les militants et cadres de mon parti. Je ne fais, en fait, que reproduire les opinions de la base.

Traduction : mais qu’est-ce qu’il fout au siège du Cartel, ce type ? C’est l’œil de Moscou, ma parole ! Directeur de cabinet du boss ! Je n’ai aucune confiance en cette personne. Il doit fouiner dans les affaires qui nous concernent. Un jour ou l’autre, il finira bien par tomber sur des documents compromettants. Avec toute notre expérience dans la rapine et son expérience de geôlier, on peut se retrouver menotté et incarcéré en deux temps trois mouvements.  Il doit même comploter pour prendre la tête du Cartel en 2019, lui qui n’est même pas de la Famille. Ouyahia n’est pas honnête avec le Président. Je m’en méfie. Mais, il peut toujours courir. Je ne ferai aucun pas à ses côtés. Ouyahia est parfaitement conscient de ma position. Il n’ignore pas que cet avis est partagé par tous les membres du Cartel. Vous voulez la réalité ? Mes troupes sont contre son maintien au siège du Cartel. S’il veut faire de la politique, qu’il la fasse au sein de son parti, le RND. S’il veut diriger une administration, qu’il choisisse un autre département. Mais loin du Cartel ! Loin de nous !

Vos députés ont sévèrement critiqué Laksaci, le gouverneur de la Banque d’Algérie, à l’occasion de son passage à l’APN. Certains vous accusent d’être plus opposant que l’opposition dans certains cas…

Réponse publiée : Laksaci est l’une des catastrophes de l’économie nationale. Il est responsable de la dévaluation de la monnaie algérienne, il est en partie responsable de la situation économique dans le pays. La Banque d’Algérie n’a jamais été gérée par Laksaci, mais par un général à la retraite. Nous ne sommes pas avec Laksaci puisqu’il a trahi la confiance du président Bouteflika. Nous voulons qu’il démissionne ou que l’on mette fin à ses fonctions.

Traduction : Dis, t’as vu la bobine du bonhomme ? Une vraie gueule de bouc-émissaire ! Le coupable parfait ! Parce qu’il faut bien un coupable à la catastrophe économique qui se prépare, à l’argent du pétrole volatilisé, à toutes ces curiosités qui font la réputation du Cartel… Il faut bien un coupable ! Ce ne peut être Chakib Khelil, puisqu’il est innocent et que je l’atteste. Ce ne peut être Bouteflika, puisqu’ il est innocent et que je l’atteste. Ce ne peut être moi, puisque Je suis innocent, comme chacun peut l’attester. Ce ne peut être Saïd, ni Amar Ghoul, ni Bouchouareb : ils sont tous innocents et je l’atteste.  Alors, c’est sûrement Laksaci. La faillite financière c’est, tout comptes faits, l’œuvre machiavélique de cet individu sans scrupules qui avait tout le pouvoir ! Dis, t’as vu la bobine du bonhomme ?

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