Que cache le différend entre Amar Saâdani et Ahmed Ouyahia ?

Rachid Tlemçani est politologue. Dans cet entretien, il analyse le différend public entre Amar Saâdani et Ahmed Ouyahia et ses conséquences sur les équilibres au sein du pouvoir.

Est-ce que le différend entre Amar Saâdani et Ahmed Ouyahia est bien réel ?

Entre Amar Saâdani et Ahmed Ouyahia, il y a un problème de leadership. Chacun veut être le numéro un après le président Bouteflika. Et puisqu’il y a un remaniement ministériel en vue. Les deux hommes sont à couteaux tirés en public. Chacun prétend qu’il est le représentant authentique et légitime de la majorité des Algériens au regard des résultats des dernières élections législatives (de 2012) bien que tout le monde sait que ces élections sont le résultat de la fraude comme toutes les précédentes et ne reflètent qu’un rapport de force au sein de clans dominants qui ont main basse sur l’économie de bazar.

Cette guerre de leadership est-elle due seulement au prochain remaniement ?

Ces derniers temps, nous assistons à une lutte de clans féroce qui se déroule sur la place publique. C’est une donnée nouvelle que nous n’avons jamais constatée auparavant en Algérie. Par le passé, toutes les luttes étaient cloisonnées au sein du sérail. Le pouvoir dominant et hégémonique (du DRS) parvenait souvent à trouver une formule ou une solution à l’amiable pour satisfaire les uns et les autres. Mais avec la réduction drastique des revenus pétroliers d’une part et avec la réorganisation des structures du DRS et le limogeage de son chef d’autre part, la lutte est devenue très ouverte. C’est la fin d’un règne.

Est-ce que le prochain remaniement serait une occasion qui permettrait au Président d’arbitrer dans ce conflit ?

Temporairement, oui. C’est seulement une bataille. Mais celui qui la remporte sera en bonne position pour la présidentielle de 2019 qui est le véritable enjeu. Cela étant dit, il y a toujours des surprises chez nous. Qui avait cru qu’un officier de province comme le colonel Chadli Bendjdid deviendrait président de la République ? Au début, même lui n’avait pas cru qu’il avait réellement été coopté pour devenir le chef suprême de la Nation. À deux reprises, il a regagné son patelin à Oran. Par la suite, il s‘est habitué aux délices du pouvoir et ne voulait plus le quitter. La preuve : il était même prêt à cohabiter avec un parti politique qui refusait les règles démocratiques (l’ex-FIS, NDLR).

Quel sera l’impact de ce différend sur le pouvoir du président Bouteflika ?

Il n’y a absolument aucun impact pour la simple raison qu’il est devenu le chef incontesté de tous les clans du sérail. Aujourd’hui, Abdelaziz Bouteflika a tous les pouvoirs constitutionnels et occultes. Par le passé, les grandes décisions étaient prises par le DRS. Maintenant, c’est le Président qui est le maître à bord. Mais même s’il est sous l’emprise du Président, le DRS est plus puissant aujourd’hui sur le terrain. Même s’il y a eu une réorganisation, le DRS en tant que police politique n’a pas du tout été dissous. Il a changé de sigle, de méthodes de travail et de tactique. Il s’est redéployé d’une autre manière.

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