En panne d’initiatives, comment l’opposition est en train de s’essouffler

L’Instance de consultation et de suivi de l’opposition (Icso) s’est réunie hier mardi en présence de plusieurs personnalités et chefs de partis politiques qui la composent. La rencontre annoncée en grande pompe depuis plusieurs semaines et qui devait être le dernier virage avant Mazafran II, est finalement passée inaperçue. Dans un communiqué publié aujourd’hui, l’opposition dénonce la politique du fait accompli du pouvoir, met en garde contre l’effondrement des institutions nationales et prédit une explosion sociale. Elle s’exprime également sur…la révision de la Constitution, adoptée il y a près d’un mois.

Dans ce contexte, que prévoit l’opposition ? Cette dernière mise sur Mazafran II pour « réaliser les grands objectifs nationaux, à travers notamment une transition démocratique ». Mais il y a un souci : c’est exactement ce qu’avait proposé au peuple l’opposition en 2014 à l’occasion de Mazafran I. Cette initiative a fini par essuyer un échec cuisant.

Une machine à fabriquer des réactions

En effet, ni Mazafran I, ni les dizaines de conférences et de réunions, ni même la menace d’occuper la rue n’ont réussi à faire reculer le pouvoir ou mobiliser les Algériens. Le pouvoir a su imposer sa feuille de route sans rien céder à l’opposition sauf le droit de parler dans les salles de conférence et les médias privés. Un exercice qui, faut-il le dire, a bien servi le pouvoir en quête de crédibilité sur le plan international. Une opposition qui s’exprime peut en effet être perçue comme un signe de démocratie et d’ouverture politique. C’est en tout cas ce que vend le pouvoir à l’opinion publique et aux partenaires internationaux de l’Algérie.

En effet, l’opposition n’a pas été capable de peser sur le projet de Loi de finances 2016 qu’elle a qualifié de dangereux. Elle a assisté impuissante comme beaucoup d’Algériens à l’adoption par le Parlement d’une nouvelle Constitution qui ne contient que très peu d’avancées.

Le pouvoir a réussi le pari de faire de l’incroyable mouvement de mobilisation de l’opposition issu de Mazafran I une simple machine à fabriquer des « réactions ». À force de réitérer les mêmes positions avec quasiment les mêmes éléments de langage, le mouvement est en train de s’essouffler. Le communiqué publié ce matin ne contient aucun élément sérieux qui rendrait sa reprise crédible par les médias.

L’opposition impuissante

Erreur de stratégie ? Incohérences ? Ou absence de courage politique ? Qu’est ce qui fait défaut à l’opposition algérienne ? Pourquoi,  même regroupée, elle n’a pas réussi à faire fléchir le pouvoir ?

Le pouvoir contrôle toutes les institutions. La présence de l’opposition au Parlement est symbolique.

Pour imposer un rapport de force au pouvoir, l’opposition avait le choix entre la rue et le dialogue. Le premier choix  s’avère risqué dans le contexte actuel, d’ailleurs exploité à outrance par le régime. »

Pousser le peuple vers la rue peut engendrer de graves dérives. Le contexte international ne favorise guère une telle option », reconnaît un ancien chef du gouvernement, passé dans l’opposition. Reste le dialogue avec le pouvoir. Une option catégoriquement écartée par les principaux responsables de l’opposition. Ils considèrent que le régime est « illégitime » et exigent comme préalable au dialogue le départ du Président. Ce que refuse le pouvoir. Un cercle vicieux qui arrange les affaires du pouvoir en lui permettant de gagner du temps. Un temps précieusement  utilisé  pour achever sa feuille de route au détriment de la démocratie et du développement de l’Algérie.

Que peut-on attendre de Mazafran II ? Selon une source au sein de l’instance de suivi, la liste des participants n’est pas encore arrêtée mais le principe « d’adresser des invitations à toutes les personnalités ayant assistées à Mazafran I est acquis ». Reste à savoir si tout le monde va répondre présent. Rappelant que certaines de ses personnalités ont déjà pris leur distance avec l’opposition depuis Mazafran I. C’est le cas de Mouloud Hamrouche, l’ancien chef du gouvernement. De quoi affaiblir l’initiative et retarder encore l’émergence d’un véritable front uni de l’opposition.

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