Mohamed Laksaci, Gouverneur de la Banque d’Algérie, doit présenter un rapport sur la conjoncture économique aux députés de l’Assemblée populaire nationale (APN) en ce début d’année 2016. Seulement, ce document, dont TSA s’est procuré une copie, porte sur « l’évolution économique et monétaire en Algérie » en… 2014 ! Le rapport, prêt depuis juillet 2015, a mis près de 6 mois avant d’être programmé à l’APN. « Nous sommes prêts depuis l’été dernier mais l’APN ne l’a pas programmé », affirme une source proche de la Banque d’Algérie.
Des députés qui manquent d’intérêt ?
Résultat : les députés algériens écouteront, en 2016, les explications de Mohamed Laksaci portant sur l’année 2014. Or, la présentation du rapport de 2014 en 2016 ne revêt plus d’intérêt. À l’exception de la partie sur le blanchiment d’argent et le contrôle de la Banque d’Algérie. En effet, les données contenues dans le rapport sont obsolètes.
La conjoncture de 2014 et celle de 2016 sont diamétralement opposées : en deux ans, les prix du pétrole ont dévissé, baissant de près de 60% à partir de l’été 2014. Le cours du dinar a également perdu plus de 35% de sa valeur par rapport aux principales devises. En 2016, l’Algérie est entrée dans une période d’austérité alors qu’en 2014, la tendance était à la dépense publique et aux subventions.
Banque d’Algérie : une communication à revoir
Pourquoi un tel temps de réaction de la part de nos députés ? La lenteur des députés pourrait d’abord être perçue comme une forme de mépris à l’égard du gouverneur.
Cela dit, l’institution monétaire n’est pas exempte de tout reproche. En effet, la diffusion de l’information de la Banque d’Algérie laisse à désirer. Le rapport de 2014 a été complété en juillet 2015, soit 7 mois après la fin de l’année 2014. De tels rapports semblent désuets de nos jours, tant les cycles économiques se sont raccourcis.
Une crise peut émerger et « disparaître » en l’espace de quelques mois. La Banque centrale a donc tout intérêt à revoir et moderniser, accélérer la diffusion des informations économiques et fournir ainsi des données plus actualisées et fiables aux institutions et à l’opinion publique. Si elle veut que les députés et les Algériens la respectent.
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