«Les autorités locales ne s’impliquent pas»

- Un mécanicien de la SNTF est mort dernièrement à un passage à niveau à Akbou. Les cheminots ont décidé de déclencher une grève après cet incident qui est loin d’être isolé. Votre société fait face, comme vous l’affirmiez au lendemain de cet accident déplorable, à un environnement hostile… Il y a plusieurs facteurs exogènes qui compliquent notre travail. On a par exemple ces marchés hebdomadaires installés à proximité de la voie ferrée à Boukadir (Chlef). Le train a un gabarit qui nécessite que la voie soit dégagée. Nos mécaniciens sont obligés de ralentir en voyant un tel risque. Il y a aussi les services des communes qui jettent les ordures près des talus. Le plus grave, c’est quand ces ordures sont brûlées. Les trains roulent au carburant et quand ils passent par-là,  il nous faut à chaque fois intervenir et appeler les pompiers. On nous ressort toujours ces manchettes sur «le train qui tue toujours» ou même sur les «retards de la société», sans prendre la peine de comprendre ces phénomènes que nous sommes les premiers à subir. - Y a-t-il des mesures pour protéger le domaine public ferroviaire ? A Boukadir, le marché installé le long de la voie a été délocalisé avec le concours des autorités locales et de la wilaya. Concernant les clôtures, il nous est impossible de prendre en charge tout notre réseau qui s’étend sur un linéaire de 3854 km  exploité actuellement. La loi nous fait obligation de clôturer les gares. Le ministère des Transports a prévu une enveloppe financière très importante pour réaliser ce projet confié à l’Anesrif. Ce programme concernant, dans une première étape, quelque 200 km de clôture est en cours. En plus de sécuriser le trafic, ces clôtures devront permettre de faire diminuer le taux de fraude. - Des installations de la société sont sabotées… Il y a des actes de vol et de vandalisme sur nos équipements. On est contraint d’intervenir immédiatement pour réparer ces installations de sécurité ferroviaire (signalisation, télécommunication, etc.). Des téléphones installés sur la voie pour demander l’autorisation des deux gares encadrantes  sont saccagés, ce qui nous a obligés à doter nos mécaniciens de téléphones portables. Il y a le vol de câble sur la caténaire.  Il y a la destruction des clôtures des gares et l’ouverture des  brèches. Nous avons aussi des cas de vol de notre matériel roulant (les distributeurs et les tampons des wagons par la mafia de la ferraille). Nous enregistrons aussi les jets et le caillassage. En plus du saccage de notre matériel, la SNTF enregistre des blessés parmi les voyageurs et les agents. Tous ces actes récurrents impactent le trafic ferroviaire et coûtent à la société des centaines de millions de dinars. - Votre société fait face au phénomène dangereux des passages à niveau non gardés (PNG) C’est un problème crucial et nous considérons, vous en conviendrez, que c’est un problème de respect du code de la route. Il y a les accidents des usagers de la route, au croisement des voies, mais il y a aussi tous ces accidents provoqués par les engins des entreprises travaillant près de la voie ferrée, lesquelles entreprises ne prennent pas des dispositions nécessaires pour sécuriser le passage à niveau. Une grue de 25 tonnes de Cosider a heurté violemment un autorail à l’ouest du pays. Fort heureusement sans faire de victime. Sur les deux derniers accidents, deux de nos agents à Sidi Bel Abbès et Béjaïa, un contrôleur et un aide-mécanicien, ont malheureusement perdu la vie. Une précision, le problème des PN est un problème de voirie, qui concerne plusieurs intervenants (wilaya, autorités locales, DTP, DTW) du fait qu’il est un point de croisement entre une voie ferrée et une route. Ce qu’il faut savoir, c’est que la SNTF garde les PN réputés dangereux et qui répondent aux critères de l’arrêté du 10 juin 2000 déterminant les conditions de création, de suppression, de classement et d’équipement des passages à niveau ainsi que de leur exploitation (Journal officiel n°44). Il y a des paramètres pour catégoriser un passage à niveau. Il ne s’agit pas pour nous de garder par 7500 agents les 1505 passages à niveau réglementés sur l’ensemble de notre réseau. Tout PN est créé par un arrêté du ministre. La création doit répondre à des critères (visibilité, vitesse de ligne inférieure à 120 km/h, etc.). Il y a, par ailleurs, un autre problème qui se pose  à nous, ce sont ces passages à niveau «illicites» et sauvages créés par des agriculteurs, des riverains, etc. Nos mécaniciens ont la boule au ventre lorsqu’ils roulent sur ces tronçons, particulièrement de nuit. Des accidents impliquant des agriculteurs ont été enregistrés. - La SNTF prévoit-elle d’éliminer complètement les passages à niveau sur ses projets futurs ? En effet, les lignes nouvelles seront théoriquement sans passages à niveau. Sur les anciennes lignes en service, il y a un programme de suppression des PN par la création de passages dénivelés (tunnel ou ponts).

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