La tentation coloniale

Depuis toujours, les femmes et les hommes qui ont fondé le mouvement national depuis Abdelkader ou qui ont fait la Guerre de libération nationale ou qui portent en eux profondément une vision patriotique du pays sont malmenés, dénigrés et accusés des pires infamies. C’est devenu même banal et répétitif et il arrive souvent qu’on les ignore, d’autant plus que ces dénigreurs sont très peu nombreux. Cependant, il ne faudrait pas se laisser trop déborder par de telle engeance, car la bassesse est une maladie contagieuse !

Ainsi on a vu des films algériens se moquer de la révolution. On a lu des romans abjects où les traîtres se transforment en héros. On a vu tant de choses…

Le dernier épisode, c’est l’accusation portée contre Zohra Drif et Yacef Saadi, d’avoir trahi et d’être devenus des « indics » de la France coloniale vers la fin de la guerre. Ces deux personnes ont donné, très jeunes, le meilleur d’eux-mêmes et ont compliqué, battu et humilié les forces d’occupation ; lorsque le colonel Bigeard paradait dans la Casbah et y menait une guerre dont la barbarie était connue de tous, d’autant plus que cet homme exécrable se gaussait, publiquement et devant les journalistes venus du monde entier, de sa « sauvagerie ».

Bigeard , avant de venir en Algérie, avait vécu l’humiliante et déferlante défaite de Bien Dien Phu en 1954 durant laquelle il a été ridiculisé, humilié et fait prisonnier avec des milliers de soldats français, pendant une longue période par le Viet-Minh du Parti communiste vietnamien. Libéré, ses maîtres socialistes l’ont envoyé, vite fait, libérer Alger où Zohra Drif et Yacef Saadi, parmi tant d’autres, lui ont donné une leçon de haute stratégie de la guerre populaire.

Aujourd’hui, Bigeard est mort mais il est devenu le héros des Français revanchards qui lui ont élevé des statues partout en France. Zohra Drif et Yacef Saadi, eux, sont toujours vivants et sont nos héros. Ils ont pu se tromper. Avoir peur. Céder devant l’ennemi ; ils sont quand même nos héros. Et plus encore héroïques si à un moment ou un autre ils ont flanché face à ennemi prédateur car les héros qui n’ont jamais peur, qui ne doutent jamais, qui ne faiblissent jamais, ce ne sont pas des héros. Ils n’existent que dans l’inconscient mythologique des peuples.

C’est pour cela que quoiqu’ils aient fait ou pas fait, ils restent nos héros ! Des héros très humains et très fragiles. Et c’est ça la vraie marque de l’héroïsme.

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