La première responsable du Parti des travailleurs (PT) a décidé d’inscrire son combat sur le terrain social et non plus idéologique. Louisa Hanoune a esquissé les contours de sa nouvelle stratégie politique lors d’un meeting tenu à Alger. Renforcée par son initiative au sein du Groupe des 19, même si les demandes répétées pour rencontrer le président Bouteflika sont restées lettre morte, la démarche a eu le mérite de mettre le clan présidentiel face à ses contradictions. D’ailleurs, l’initiative lui a valu de violentes attaques du clan présidentiel à travers d’une part les charges de Baha Eddine Tliba (vice-président de l’APN) qui lui reprochait de n’être qu’une «marionnette de Toufik», alors que Amar Saadani, secrétaire général du FLN, l’accusait d’être frappée «d’hystérie» à la suite du départ de son parrain. La secrétaire générale du PT a décidé de contre-attaquer là où elle se sait invulnérable : le contact avec la population. En annonçant «la tenue d’un meeting par semaine» à travers le pays, Louisa Hanoune se repositionne sur le terrain politique et en profite pour délivrer un message à ses détracteurs. «Elle sait qu’elle a un impact sur la population, juge le politologue Rachid Grim. Elle est admirée pour son courage politique et sa détermination. La preuve, elle a très bien réagi lorsqu’on a voulu lui coller des affaires d’enrichissement personnel.» Mais derrière ce repositionnement se cachent également des calculs politiciens. A avoir trop épargné le président Bouteflika, Louisa Hanoune a vu son image et sa crédibilité en prendre un coup. «Elle a beaucoup payé son soutien indéfectible au Président, estime la politologue Louiza Aït Hamadouche. Aujourd’hui, elle a décidé de procéder à un rééquilibrage de sa position en s’éloignant du pouvoir et en se rapprochant un peu de l’opposition.» Une stratégie où elle continue d’épargner le Président et concentre ses attaques sur ses proches. «Elle ne peut pas adopter une opposition frontale car le Président continue de bénéficier d’une bonne image auprès de la population du fait de sa maladie et compte tenu de l’incertitude économique», juge Mme Aït Hamadouche. En outre, face à la démarche gouvernementale qui a décidé de procéder à la mise en place de mesures économiques qui auront des conséquences désastreuses sur une grande partie de la population, Mme Hanoune s’attend à une mobilisation des forces sociales. «Elle veut récupérer la mobilisation pour peser sur les futures décisions, affirme Mme Aït Hamadouche. D’autant que les mouvements sociaux en Algérie n’ont pas la maturité nécessaire pour se transformer en mouvement social et qu’en outre les partis politiques ne jouent pas leur rôle.» La première responsable du PT l’a bien compris, elle a décidé d’inscrire son combat sur le terrain social et non plus idéologique et en a tracé les contours lors du meeting de la salle Sierra Maestra. «Nous devons nous préparer au rejet de la loi de finances et à transformer cette force populaire en prévision du grand jour», a-t-elle déclaré.
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El Watan