Belmokhtar vs Daech/ Surenchère au Sahel

Belmokhtar vs Daech/ Surenchère au Sahel

Le groupe terroriste El-Morabitoune dirigé par Mokhtar Belmokhtar a encore fait parler de lui en perpétrant des attaques meurtrières au Burkina-Faso. L’insaisissable Belmokhtar signe des attentats qui, selon toute vraisemblance, s’inscrivent dans la surenchère.  

Le Burkina Faso a été l’objet, vendredi 15 janvier, d’attaques terroristes sanglantes ayant causé la perte de 29 personnes, dont une majorité d’étrangers. Cette démonstration macabre a visé deux établissements de la capitale Ouagadougou (l’hôtel Splendid et le restaurant Capuccino) réputés pour être fréquentés par une clientèle étrangère.

L’auteur de cet horrible acte de terreur n’est autre que le groupe terroriste El-Mourabitoune dirigé d’une main de fer par l’insaisissable Mokhtar Belmokhtar, dit Le Borgne, auteur des attentats les plus spectaculaires au Sahel ces dernières années.

Le terroriste s’est rendu célèbre par des opérations terroristes marquées par un caractère sanglant et spectaculaire. L’ex-membre des GIA et du GSPC est en quête d’un mouvement fédérateur, une sorte de ligue des groupes terroristes dont il serait le guide.

Pour tenter de cerner ce personnage, il faut retracer son parcours chaotique marqué par une violence démesurée et imprégnée des valeurs extrémistes de l’islam radical.  Né en 1972 à Ghardaïa, le terroriste se décrit comme djihadiste précoce. Preuve en est, il a rejoint l’Afghanistan, à l’âge de 19, pour recevoir  une initiation militaire dans les camps des talibans.

A son retour en Algérie en 1992, il a rejoint les GIA, puis a participé à la création du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Après le revers qu’a essuyé l’organisation au début des années 2000, le GSPC a battu en retraite vers le grand Sud et les régions montagneuses de la Kabylie. Belmokhtar était de ceux qui ont choisi de prendre la destination du Sud pour ensuite élargir leurs opérations pour atteindre des pays fragilisés par une condition d’insécurité chronique.

La Naissance d’Aqmi : les prises d’otage comme marque de fabrique 

Le GSPC a par la suite fait allégeance à Al-Qaïda et a formé sa branche régionale connue sous le nom d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Mokhtar Belmokhtar a été alors propulsé à la tête d’un des deux bataillons de cette nouvelle organisation et opérait sur la bande frontalière entre l’Algérie et le Mali.

L’Aqmi s’est donné comme label le kidnapping d’étrangers à travers lequel elle a développé une activité très lucrative. Les rançons versées par différents gouvernements étaient en effet très importantes et ont contribué à l’expansion de ce groupe terroriste.

Ainsi, les activités mafieuses tels les enlèvements, le trafic armes et de drogue en passant par les cigarettes et les êtres humains sont devenus les sources de financement de cette organisation terroriste qui s’est distinguée par une ouverture vers des activités qui caractérisaient les organisations mafieuses à caractère criminel et non pas les organisations terroristes à caractère politico-religieux.

Belmokhtar, un fantôme qui hante le désert du Sahel

Ce chef terroriste a réussi durant les années qu’il a passées dans le désert à tisser d’inextricables réseaux, à travers des alliances répondant à une logique d’hégémonie régionale. Pour asseoir son influence dans la région, il aurait notamment pris des femmes touarègues pour épouses, un acte qui a scelé une relation forte et durable avec les Touaregs avec lesquels il s’implante durablement dans le nord du Mali après l’offensive conduite en 2012.

Donné plusieurs fois pour mort, notamment en juin dernier et en avril 2013, sa mort a toujours était démenti par un attentat spectaculaire signé de son nom.

La logique des fusions

Belmokhtar s’est également distingué par un sens aigu de l’adaptation et cela transparaissait parfaitement au travers de sa politique de cooptation qu’il a imposé aux autres groupes de la région fédérés sous la bannière d’Al-Qaïda. Son groupe Al-Mourabitoune constitue le parfait exemple de cette capacité d’adaptation dont fait preuve “Belaouar” (Le Borgne). Le groupe est le fruit d’une fusion entre les “Signataires par le sang”, une unité combattante née fin 2012 et créée par Mokhtar Belmokhtar, et le Mujao (Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest).

Ce groupe armé a revendiqué son premier attentat en mars 2015, lors de l’attaque du bar-restaurant La Terrasse à Bamako. Plus récemment, El-Mourabitoune avait commis un autre attentat, toujours à Bamako, en s’attaquant à un hôtel de luxe, le Radisson Blu.

Lutte pour un leadership régional  

Le fomenteur de l’attaque de Tiguentourine a fait l’objet d’un contrat lancé par la branche libyenne de Daech qui considère Belmokhtar comme un ennemi à abattre. Au centre de cette lutte acharnée, des velléités hégémoniques nourries par des organisations terroristes animées par des doctrines qui sont en réalité très similaires. Les différences ne concernent que des aspects méthodologiques relatifs aux procédés. Le but demeure le même, du moins sur le plan idéologique, et vise à mettre en place un État régi par la «Charia».

Massinissa Mansour

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