C’est la crise. Les ressources financières de l’Etat rétrécissent comme peau de chagrin. De grands projets, telle l’extension du métro d’Alger, sont gelés. L’année 2016 commence avec des augmentations du prix de l’électricité, du carburant et d’une multitude d’autres biens de consommation. Le dinar fait une chute vertigineuse. L’inflation galope. Pendant ce temps, Abdelaziz Bouteflika, le Président qui ne parle à son peuple que par voie épistolaire, nous adresse un message et nous demande sans sourciller de “faire des sacrifices” face à cette crise partie pour durer, avec un baril avoisinant les 25, et appelé à bientôt flirter avec les 20 dollars.
Des sacrifices. Le terme charrie une certaine charge émotionnelle pour un peuple qui en connaît un bout. Mais face à cette même crise, nos dirigeants, sont-ils prêts à consentir, eux-mêmes, des sacrifices ? Bouteflika ne leur a adressés, pour l’heure, aucune directive précise dans ce sens. Ainsi, en pleine crise financière, nos hauts responsables, ministres, patrons de grandes entreprises publiques, ou grosses pontes des institutions militaires et civiles, continuent à circuler sur nos routes avec des rutilantes voitures allemandes. De la Présidence de la République à l’ensemble des ministères et organismes gouvernementaux, les Audi, Volkswagen et autres Passat et Mercedes continuent à supporter les augustes postérieurs de nos hauts responsables. Renoncer à ces voitures de luxe pour utiliser la Renault Symbol “made in” Oran serait-ce donc un si gros sacrifice pour nos dirigeants ? L’Etat ferait de précieuses économies, tout en envoyant un signal fort à la société, en se privant de ces voitures au luxe insultant qu’il pourrait revendre au profit du Trésor public.
Jusqu’à preuve du contraire, la performance d’un dirigeant ne dépend guère de la rutilance de sa voiture de service. Il n’est donc pas justifié de maintenir ce train de vie alors que notre pays s’enfonce dans la disette. Sacrifices dites-vous monsieur le Président ? Alors pourquoi ne pas fermer définitivement le Club Des Pins, cette “zone verte” où sont hébergés les grosses légumes du régime et leurs fidèles clientèles aux frais de la princesse Algérie. Chaque année, des sommes considérables sont dépensées, dans une totale opacité, pour nourrir, héberger et entretenir les villas de nos dirigeants. Cet argent n’aurait-il pas mieux servi si l’Etat l’investissait dans des secteurs bien plus stratégiques pour résister à cette crise financière ? D’ailleurs, pourquoi le Club des Pins ne retrouverait pas sa vocation de village touristique à même de générer des ressources financières ? Malheureusement, pour l’heure, les sacrifices ne concernent encore que les petits bougres d’Algériens, déjà martyrisés par le coût de la vie.
Pis, l’Etat continue d’accorder des privilèges à de hauts responsables. Il en est ainsi avec cette majestueuse villa construite par une entreprise chinoise à Hydra. Située pas loin du ministère de l’Energie et des Mines, elle est équipée de toutes les commodités faisant d’elle un véritable palais. Selon plusieurs sources, cette villa, de pas moins d’un million d’euros, serait destinée à servir de seconde résidence officielle à notre vénéré Abdelaziz Bouteflika, le Président, qui demande à son peuple de faire des sacrifices.
Même notre armée s’offre régulièrement de nouvelles infrastructures et acquisitions d’armes. Ces dépenses onéreuses obéissent-elles réellement à des impératifs de sécurité nationale ? Mystère et boule de gomme. En tout cas, le méga-budget de l’armée -plus de 12 milliards de dollars- est géré dans un manque de transparence total.
Crise financière dites-vous ? Décidément, elle ne concerne que les sans-grades. Les dirigeants, eux, enivrés par la hauteur de leur tour d’ivoire, restent sourds aux appel de détresse de la société et continuent de côtoyer l’aisance. Cette surdité, notre pays risque de la payer cher, très cher!
Cet article Austérité/ Mesdames et messieurs, donnez l’exemple ! Par Abdou Semmar est apparu en premier sur Algérie Focus.