Entamés le 18 janvier pour une durée de six semaines, les soldes d’hiver battent leur plein à Alger. Les commerces et enseignes assurant l’opération ont orné leur vitrines de grandes affiches indiquant des rabais allant de moins -20% à moins -70%.
Certaines boutiques n’arrivent pas à contenir la clientèle désirant renouveler sa garde-robe. C’est le cas d’un magasin de vêtement de sport pour hommes situé sur la rue Didouche Mourad, à Alger-Centre. Ne parvenant pas à gérer la foule devant la devanture, le responsable demande à un employé de baisser à moitié le rideau de fer afin d’empêcher de nouveaux clients d’entrer. « On ne peut pas répondre à tout le monde. Ça déborde ».
À quelques mètres, une autre boutique de vêtements grouille de familles en quête « de bonnes affaires ». Une aubaine puisque « les remises sont de 40, 50, voire même 70% », explique une mère de deux enfants âgés de quatre et huit ans.
Bureaucratie
Toujours à Alger-Centre, certains commerces et petits centres commerciaux ne semblent pas concernés par cette opération.
Interrogés, des professionnels évoquent « des lourdeurs administratives » pour se faire délivrer une autorisation pour lancer les soldes. « Ça ne m’intéresse pas. Le temps qu’il faudrait pour se voir octroyer une autorisation me dissuade », déplore Omar qui travaille dans un magasin d’articles pour femmes. « Nous avons des prix fixes et abordables durant toute l’année, à quoi bon faire des remises ou des soldes », poursuit ce dernier.
Plus loin, d’autres commerçants évoquent « l’épuisement des anciens stocks et l’arrivage de nouvelles collections » qu’ils ne peuvent pas solder.
Quant à certains vendeurs, ils expliquent simplement ne pas être assez informés sur ce procédé ou carrément l’ignorer ! « Je crois que ça concerne seulement les grandes marques spécialisées dans le sport comme Adidas et Nike », croit savoir Rafik, vendeur dans une boutique de la rue Hassiba Ben Bouali. Et d’ajouter : « En somme, nous n’avons jamais organisé de soldes. C’est plutôt des remises que l’on effectue de temps à autre et puis c’est le propriétaire qui décide ! ».
Selon Mustapha Zebdi, président de l’Association pour la protection des consommateurs (Apoce), le nombre de commerçants qui se présentent au niveau des directions de commerces pour participer à ces soldes reste « très faible ».
Désorganisation et frénésie
Pour prendre la température au niveau des grands espaces abritant différentes franchises de marques internationales, direction le centre commercial de Bab Ezzouar, à l’est de la capitale.
Un interminable bouchon et des embouteillages se dressent sur cette voie. Il faut plus de trente minutes pour accéder au parking. À la nuit tombée, le centre commercial ne désemplit toujours pas.
À l’occasion des soldes, certaines franchises ont dû renforcer leurs effectifs en « faisant appel à des saisonniers », nous dit un caissier. Une méthode utilisée par les enseignes Zara et Mango, mais qui n’empêche pas un certain manque d’organisation.
« La désorganisation est totale », estime ainsi un expatrié jordanien, rencontré dans les allées. Installé en Algérie depuis 2004, il considère que le citoyen a une part de responsabilité dans ce désordre. « Il est inadmissible de voir tout le monde investir les lieux au même moment principalement les week-ends. On a l’impression que les gens n’ont aucun savoir-vivre », fait-il remarquer. Ce dernier, accompagné de ses deux enfants, trouve toutefois les prix « abordables ».
Amina, rencontrée à la sortie du centre, est quelque peu agacée et s’empresse de quitter les lieux. « Il y a un monde fou qu’ils peinent à gérer au point que même les cabines d’essayages sont prises d’assaut. Je n’ai rien acheté, pas question pour moi de faire la queue », insiste-t-elle. « Peut-être que je reviendrai quelques jours avant la fin des soldes, en espérant qu’il y aura moins de monde ».
Pour d’autres adeptes des soldes, c’est l’occasion à ne pas rater. C’est le cas de cette femme, qui traine plusieurs articles qu’elle peine à porter. « Les soldes c’est une fois par an, je mets de l’argent de côté que je consacre pour les achats des soldes d’hiver et d’été. Je suis toujours au rendez-vous », s’exclame la trentenaire.
Vidéo. Les soldes à Alger
Les soldes d’hiver à Alger par algerie-tsa
Fausses soldes
Mina et Imen, deux étudiantes de 18 ans, estiment que les prix ne sont pas attrayants. Selon elles, les commerçants « ne font aucun effort pour satisfaire la clientèle, les rabattements ne sont pas assez importants ». C’est « plutôt des remises et non pas des soldes », lâchent-t-elles.
« Les petites bourses ne peuvent pas se permettre des achats, les prix sont trop élevés », ajoute Fatma, accompagnée de sa fille et de sa belle-fille. « On est venues juste pour voir. S’il y aura des démarques à 80 ou 90% dans les prochains jours, cela arrangera mieux les ménages à faibles revenus ».
À ce sujet, Mustapha Zebdi précise que les professionnels « sont libres de fixer le taux de réduction qu’ils endentent, en fonction de leurs propres estimations ». Le président de l’Apoce appelle toutefois les consommateurs à être vigilants et à faire attention « aux fausses soldes » car « certains commerçants profitent de cette période pour vendre leurs articles à un prix réel sans aucune réduction ».
Les commerçants sont également tenus de « respecter les règles prévues par la loi en vigueur » et notamment d’assurer la garantie pour le produit vendu. Il est « formellement interdit de limiter les garanties sur les soldes. En cas de vice caché, le vendeur est tenu de remplacer l’article ou de le rembourser comme le stipule le décret de 2010 relatif à la vente promotionnelle », conclut Mustapha Zebdi.
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