COP 21 : la difficile combinaison de l’urgence, du pragmatisme et de l’équité

Cent cinquante chefs d’État, plus de 180 pays représentés et 10 000 délégués. La COP 21 s’est ouverte, ce lundi 30 novembre, à Paris. COP 21 ? La « Conférence des parties », réunie au sein de la « Convention climat des Nations unies » (CCNUCC) se déroule depuis 1992, pour la 21e fois. Une preuve supplémentaire que si le dérèglement climatique fait l’objet d’une prise de conscience croissante, il n’est pas facile d’y trouver rapidement des correctifs communs et efficaces…

Pourquoi à Paris ? Parce que les nombreux échecs précédents, et notamment ceux des sommets de La Haye en 2000 (suivi du retrait des États-Unis des discussions et son refus de signer le Protocole de Kyoto), de Montréal, de Lima et surtout celui de la COP 15 à Copenhague, au Danemark, en 2009 (qui avait vu l’opposition du « G2 » des pays les plus pollueurs, les USA et la Chine), avaient beaucoup refroidi les enthousiasmes. La France était la seule candidate pour organiser ce sommet qui apparaît par certains côtés, comme celui de la dernière chance.

Le sommet de Paris qui, hors quelques Assemblées générales extraordinaires de l’ONU, apparaît comme le plus grand raout de chefs d’État en bande organisée, de l’histoire de la planète, porte donc tous les espoirs.

Beaucoup d’attentes, beaucoup de scepticisme

Car la population mondiale est inquiète. Un sondage planétaire organisé par Pew Research Center et rapporté par Libération, montre la communauté des inquiétudes : 85% des sondés d’un panel international qui représente 76% de la population mondiale, estiment que le dérèglement climatique est un problème « assez sérieux », et une majorité le considère comme « très sérieux ».

Les sondés se déclarent même à 67%, prêts à changer leur mode de vie personnelle pour parer à la déréglementation climatique (66% des Américains, 73% des Européens, 83% des Français). 78% des personnes interrogées sont favorables à ce que leur gouvernement limite dans leur pays les gaz à effet de serre. Mais les États seront-ils prêts prendre leurs responsabilités ? Beaucoup en doutent.

Si l’on ne fait rien, la température de la planète va croître dans les deux prochaines décennies de 4 à 5° par rapport à la période préindustrielle. Elle est aujourd’hui, toute latitude et toutes saisons réunies, de 15° en moyenne globale. L’objectif fixé de contenir l’augmentation de la température de la planète à 2° supplémentaire, au niveau planétaire, voire à 1,5°. Mais il s’agit là encore de valeurs moyennes. L’effort sera donc beaucoup plus grand dans les pays chauds que dans les climats tempérés.

Il faudra peut-être dans les pays équatoriaux ou tropicaux contenir une croissance potentielle spontanée de cinq à six degrés supplémentaires. Ce qui signifie pour eux un effort technique et financier plus important. Certes, les pays qui vivent aujourd’hui dans des climats froids ou arctiques, peuvent espérer n’avoir pas ou peu d’efforts particuliers à déployer et bénéficier peut-être même du réchauffement actuel. Illusion ! La surchauffe de la planète s’accompagne, hélas pour eux, d’autres catastrophes peu prévisibles et sans solutions miracle : recrudescence des tempêtes, des sécheresses, des inondations, remontées générale du niveau des océans, mini-phases glaciaires, qui frapperont aveuglément tous les pays.

Accord contraignant ?

« Nous avons une obligation de succès », a déclaré Laurent Fabius, élu par acclamation à la tribune du Bourget, président de la COP 21. « Nous allons décider en quelques jours, pour quelques décennies ; un immense espoir que nous n’avons pas le droit de décevoir », a poursuivi François Hollande. Pour le chef de l’État français, il faut réussir cet accord notamment avec des contraintes volontairement acceptées par tous car il en va « de la paix » mondiale.

« Le réchauffement annonce des conflits comme la nuée porte l’orage, il provoque des migrations qui jettent sur les routes plus de réfugiés que n’en génèrent les guerres. Des États risquent de ne pas pouvoir satisfaire les besoins vitaux de leurs populations avec des risques de famine, d’exode rural massif et d’affrontement pour accéder à l’eau », a-t-il ajouté.

Les membres des Nations Unies devront ainsi signer un accord « universel, contraignant et différencié, a-t-il poursuivi souhaitant que les engagements de chaque pays permettent de « contenir le réchauffement global en dessous des 2° Celsius, ou 1,5°C si possible ».

L’aspect contraignant est évidemment au cœur des négociations qui s’ouvrent. Il n’est pas certain que le Congrès américain, à majorité Républicaine, accepte de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre des USA. Ce qui limite fortement les marges de manœuvres de Barack Obama. La Chine qui a déjà annoncé une réduction notable de ses émissions carbone rappelle que celle-ci est subordonnée au « maintien d’une croissance forte ». Le président XI Jinping insiste également beaucoup sur le « principe d’équité » qui doit engager un éventuel accord planétaire.

L’un des principaux obstacles de la négociation qui s’ouvre tient au fait que l’on demande aux pays en voie de développement de renoncer à une partie de leur croissance pour limiter les gabegies environnementales faites précédemment par les pays riches et qui leur auront permis d’asseoir leur domination sur la planète.

L’autre est que les pays riches rechignent à décaisser les 100 milliards d’euros par an pour aider les plus pauvres à faire face. La dernière difficulté est que l’on ne trouvera pas de solution mondiale à l’avalanche probable de cyclones et de vagues de sécheresse que dans un dialogue honnête, transparent et équitable entre toutes les parties. Ce qui n’est pas exactement dans la tradition historique des grandes conférences internationales…

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