Avec Clic’doc, Mohamed Boussaboune compte bien « révolutionner les métiers de la santé ». Le directeur général de Orafina, société de services en ingénierie informatique, planche depuis trois ans sur un logiciel destiné aux professionnels du corps médical et commercialisé depuis la fin de l’année 2014. Basé sur le modèle des logiciels médicaux existants à l’étranger, le développeur met à disposition des spécialistes un outil pour lequel une formation et un suivi seront opérés par la start-up.
« Changer les pratiques au niveau national » en informatisant le secteur de la santé
Actuellement, ce sont près de « 1 000 médecins algériens qui utilisent Clic’doc », explique Mohamed Boussaboune. Le logiciel intègre douze modules qui permettent entre autres de gérer les rendez-vous, de constituer un répertoire afin d’orienter les patients vers un médecin qui opère dans une autre spécialité, de gérer la comptabilité et surtout d’améliorer le suivi du patient en lui constituant un dossier médical personnel. Ce dernier point essentiel regroupe les informations nécessaires à une prise en charge adéquate du malade.
Antécédents médicaux, allergies, traitements passés, radios, scanners et autres données relatives aux problèmes de santé de la personne y sont enregistrées. Et le patient pourra à tout moment « demander au médecin de lui remettre son dossier médical sous forme papier ou numérique », ajoute Boussaboune.
Diminuer le risque médical
L’écriture des médecins est souvent illisible pour les patients et parfois même pour leurs collègues pharmaciens. Un problème qui peut être à l’origine de complications qui entraînent des décès suite à une mauvaise interprétation des ordonnances manuscrites. Le patient peut également se voir refuser le remboursement par les services de la Cnas, « 75% des rejets sont dus à l’illisibilité de l’ordonnance », avance le responsable.
L’informatisation du secteur de la santé vise donc à minimiser ces problématiques en proposant un système d’ordonnance dactylographiée que le médecin peut compléter en sélectionnant directement le médicament, grâce à une base de données intégrées, et en indiquant clairement la posologie à respecter. Le professionnel sera également au courant des disponibilités des médicaments sur un marché algérien très particulier, où les ruptures de stock sont fréquentes.
Dans ce sens, la société développe le premier Dictionnaire médical algérien (DMA), une plateforme qui regroupe les références propres à chaque médicament selon un concept qui s’inspire fortement du dictionnaire médical français Vidal tout en souhaitant s’adapter à la nomenclature algérienne. « Les médicaments produits en Algérie ne sont pas bien renseignés et les médicaments qui sont inscrits au Vidal ne sont pas forcément disponibles en Algérie ». D’où l’utilité d’un dictionnaire national qui « sera utilisé à la fois par les médecins, les laboratoires et les importateurs », nous explique le directeur général. Cette plateforme en ligne disposera également de rubriques traitant l’actualité médicale avec des contenus accessibles gratuitement.
Le manque de réglementation, un frein au développement
Ces développements sont pourtant ralentis par le manque d’implication des autorités publiques. Le DMA est toujours en attente de mise en ligne, faute de « validation des informations » et du manque d’accès aux données. L’informatisation du secteur ne semble pas non plus être la priorité du ministère de la Santé à l’inverse d’autres pays où l’informatisation du cabinet,par exemple, est une étape préalable à l’installation des médecins.
Pourtant, le ministère a « engagé un processus » dans ce sens, concernant notamment le « dossier médical personnel », indique le Dr Mohamed Bekkat-Berkani, président du Conseil national de l’ordre des médecins algériens.
« Pour que le malade puisse avoir accès à son dossier médical, ce qui est son droit, et pour qu’il puisse y avoir un échange entre les différents services tout en respectant le secret professionnel », ajoute Bekkat-Berkani qui regrette « qu‘un peu moins de la moitié des praticiens ne soient toujours pas pourvus de matériel informatique ». Et même si le chemin vers l’informatisation est long, « on ne peut pas échapper au progrès », conclut ce dernier.
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