Ould Salah Zitouni est le nouveau wali de Bejaïa nommé à la faveur du dernier décret présidentiel. Très attendu, le natif d’Ain Arnat (ouest de Sétif), a du pain sur la planche dans une wilaya qui a été délaissée durant de nombreuses années.
Regard sombre, l’ancien wali de Mascara est précédé par sa réputation. Surnommé le « bombardier », Zitouni ne fait pas dans la dentelle et il le sait. D’ailleurs, ce sobriquet hérité du temps où il était en poste à Alger l’indiffère. « Il est vrai que je peux être cassant mais seulement quand la chose dépasse un certain seuil », admet le sexagénaire, sourire énigmatique aux lèvres. « L’essentiel c’est que, moi, je fais mon travail ».
« Tout ce qui a été inscrit à l’indicatif de la wilaya a été mené à terme »
Malgré des points noirs qui ont ponctué son mandat à la tête de la wilaya de Mascara, notamment le suicide inexpliqué du directeur de la Réglementation et des Affaires générales (Drag), il juge son bilan positif et pense la population « satisfaite ». Plusieurs projets dans le domaine de l’hydraulique agricole ont été achevés ou lancés sous son mandat. Le raccordement de Mascara vers l’autoroute Est-Ouest a aussi été lancé en mai 2015 et le programme de l’université achevé. Il se dit que la wilaya a même enregistré le meilleur taux d’achèvement de projets.
Si la population de Mascara lui était toute acquise, à Bejaïa, la tâche risque d’être plus ardue. Plus de 400 mouvements de protestation ont été recensés en 2014 dans cette wilaya. Conscient des tensions qui existent, Zitouni explique la situation par l’incompréhension et le manque de dialogue entre les différentes parties. « On communique mal. J’ai fait un appel pour qu’on cesse ces coupures de route », explique-t-il, avant d’ajouter : « Il ne faut pas promettre des choses qu’on n’a pas l’intention de faire ! ».
La méthode « Bombardier »
Dès son arrivée, ses méthodes de travail ont bousculé les responsables locaux. Directeurs, chefs de dairas, maires ou élus, en l’espace de quelques semaines, nombreux sont les responsables à avoir défilé dans son bureau. Le but de ces va-et-vient ? Évaluer la situation pour établir rapidement une stratégie.
Du côté de la population, on ressent un soulagement après le départ de Hamou Ahmed Touhami, l’ancien wali très controversé. Braham Bennadji, maire de la commune de Tinebdar et chef de file de la contestation menée contre Touhami se réjouit « comme l’ensemble de la population » de l’arrivée de Zitouni.
Si l’impatience est perceptible, les habitants ne souhaitent pas juger le nouvel arrivé avant de l’avoir vu en action. Et de l’action, il y en a. Visites inopinées, réunions de travail à rallonge, le wali fraîchement dépêché enchaîne les mesures. Une des plus importantes depuis sa nomination est la fermeture de la décharge publique de Boulimat, sur la côte ouest de Bejaïa, et l’ouverture d’un CET, fonctionnel depuis plus d’un mois. Dans beaucoup de communes, les opérations de nettoyage ont commencé. Les maires craignent d’être humiliés par le wali à l’occasion d’une visite inopinée.
Zitouni a lancé un appel aux associations afin de solutionner le problème environnemental. Il jure que les infrastructures hôtelières (63 agréés par le Calpiref et construites par des entreprises privées algériennes) seront menées à terme tout en préservant la végétation locale. Des mesures qui lui valent les louanges de Bennadji. « Ce qui a été réalisé en un mois dans le cadre de l’environnement n’a pas été fait en cinq ans ».
Au niveau politique, la situation se détend début septembre après huit mois de blocage de l’assemblée populaire de wilaya. Une crise que certains élus attribuent à l’ancien wali. Pas de commentaires de la part de Zitouni sur les accusations qui touchent son prédécesseur. Il préfère focaliser son attention sur les grands chantiers : le CHU de Bejaïa, le raccordement au gaz de ville et les infrastructures routières, la pénétrante qui doit relier le chef-lieu à l’autoroute Est-Ouest et pour laquelle les indemnisations des expropriés sont en cours et la date de livraison prévue pour décembre 2016. Le complexe sportif et les logements sociaux sont également en attente. Plus de 1 000 logements devraient être livrés avant la fin de l’année dans la commune d’Ifri Ouzellaguen. Des chantiers que le wali surveille de près.
Il explique avoir auditionné les directeurs concernés sur tous les secteurs d’activité pour avoir des informations précises. Ces derniers n’ont qu’à bien se tenir car il a déjà ponctué son agenda de sorties inopinées afin de vérifier qu’aucune omission ne nuise à l’avancée des projets. Exit les cortèges de voitures transportant les directeurs qui se déplacent avec lui lors de visite officielle. Au téléphone, il somme un des responsables de mettre à disposition un bus pour transporter tout ce beau monde et éviter ainsi de bloquer les routes.
Au sujet du budget de la wilaya, il estime qu’aucune opération fructifiante n’existe. Pour y remédier, des parkings à étages seront réalisés afin de décongestionner la circulation en ville en limitant le stationnement sur les rues principales, et pour faire entrer de l’argent dans les caisses. Il n’oublie pas les communes enclavées en tenant compte des restrictions budgétaires à venir. Zitouni privilégie les projets de développement qui ont un impact direct sur la population comme les raccordements d’AEP, de gaz et d’électricité.
Le projet qui lui tient le plus à cœur est la création d’un centre anti-cancer. Une opération de dépistage du cancer du sein et du col de l’utérus en direction de la gent féminine habitant le monde rural est d’ailleurs en cours.
Un début en trombe pour le nouveau wali, reste à voir si cette cadence sera maintenue.
NAISSANCE
20 septembre 1953
SITUATION FAMILIALE
Veuf, trois enfants
ÉTUDE
Juriste de formation
SES DATES-CLEFS
1980 – 1983 : directeur de l’urbanisme et de l’habitat de la wilaya de Sétif
1983 – 1986 : directeur de l’urbanisme et de l’habitat de la wilaya de Biskra
1986 – 1987 : inspecteur général de la wilaya de Ghardaïa
1987 – 1990 : chef de Daïra à Regane
1990 – 1994 : chef de Daïra à Ain Bessem. Intérim de la Daïra de Lakdaria entre 1992 et 1994 ainsi que la Daïra de Sour el Ghozlane
1994 – 1999 : chef de Daïra à Batna
2000 – 2004 : secrétaire général de la wilaya de Temouchent. 2003 à 2004 : détaché pour superviser le séisme de Boumerdès
2004 – 2005 : wali délégué de Cheraga
2005 – 2008 : wali délégué de Bir Mourad Raïs
2008 – 2010 : secrétaire général de la wilaya d’Alger
2010 – 2015 : wali de Mascara
Depuis juillet 2015 : wali de Bejaïa
CITATION
« La vie appartient à ceux qui se lèvent tôt »
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