Il ne s’est pas encore passé 48 heures après la visite éclair du ministre de l’intérieur et des collectivités locales, Noureddine Bedoui, à Ghardaïa, visite qui a laissée sceptique les Ghardaouis quant aux résultats attendues de cet énième passage d’un haut responsable de l’état pour mettre un terme aux récurrents affrontements entre les deux communautés qui composent la population de cette région, que de nouvelles violences éclatent à Berriane, 45 kms au nord du chef lieu de wilaya. C’est à partir du quartier populaire de Kef Hamouda qui surplombe la ville et donne sur le grand boulevard, qui est en fait la RN 1, que les premières escarmouches sont parties dimanche, vers 2 heures 30 minutes du matin. Rapidement et telle une trainée de poudre, (sans jeu de mots), les violences se sont étendues à toutes les ruelles du quartier pour atteindre ensuite l’autre populeux et populaire quartier de Baba Sâad, situé juste en contre bas. À coups de jets de pierres, de cocktails Molotov et de bouts de métal propulsés par des lance pierres et des frondes, les jeunes des deux communautés (Ibadites et Malékites), se sont affrontés, tant au sol qu’à partir des terrasses, pendant plus de quatre heures sous les yeux des forces anti meutes de la police, très dépassés au départ avant de reprendre péniblement le dessus en parvenant au prix de moult difficultés et de tant de blessés dans leurs rangs à, finalement, s’imposer en s’interposant entre les deux camps à coups de tirs à profusion de grenades lacrymogènes. Même la polyclinique situe sur le grand boulevard et à deux pas du commissariat de la ville a fait l’objet de tentatives de saccages. Le corps médical et le personnel de sécurité, se sentant en danger, ont pratiquement refusé (passivement) de soigner les blessés policiers qui s’y sont présentés demandant à être eux même protégés pour pouvoir prodiguer des soins. Selon des témoins oculaires, il y aurait plus de 40 blessés dansles deux camps, dont 3 auraient été touchés aux yeux. L'un d'eux aurait été évacué en urgence vers l’hôpital du Dr Brahim Tirichine de Sidi Abbaz où après avoir été admis aux urgences médico chirurgicales, il aurait subi une opération et serait dans un état stationnaire au service de ranimation. Au quartier de Kef Hamouda, dont les ruelles témoignent de la violence des affrontements par l’amas de gravats, de pierres et de toutes sortes d’objets hétéroclites, deux maisons ont été diversement atteintes par des flammes. A signaler que lors des affrontements, le RN1 a été, pendant plus de deux heures, fermée à la circulation, engendrant des embouteillages aux deux extrémités de la ville, sachant que pendant ce mois de carême les gens voyagent surtout de nuit. Ce qui encore une fois intrigue les citoyens, c’est que malgré toutes ces violences, le nombre exponentiel de blessés, ces destructions et surtout les déclarations de tous les responsables, (1er Ministre, Ministres et responsables locaux), que des sanctions seront prises contre tous les auteurs de violences, aucune arrestation ne soit, du moins officiellement déclarée, opérée. En tous cas, et malgré tous nos efforts, il ne nous a pas été possible d’avoir confirmation ou infirmation de la part de la cellule de communication de la sûreté de wilaya de Ghardaïa. Mustapha, un enseignant universitaire, que nous avons rencontré, souligne que :« c’est quand même bizarre que chaque fois qu’un haut responsable de l’état, en charge du volet sécuritaire, fasse une visite dans la région et que surtout déclare que des mesures seront prises pour éradiquer ce phénomène de violences inter communautaires, celles-ci reprennent avec plus d’intensité ». Pour son accompagnateur, Harzallah, un cadre bancaire « c’est la preuve que la démarche suivie jusque là est inefficace. Les responsables doivent trouver d’autres solutions mais surtout arrêter de toujours papoter avec des gens qui ne représentent qu’eux mêmes et qui n’ont aucune espèce d’emprise sur les évènements et encore moins sur leurs auteurs. En un mot, l’état, pour ce qui concerne le dossier sécuritaire à Ghardaïa, doit absolument et impérativement revoir sa copie avant que qu’il ne soit trop tard ».
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El Watan