La population a répondu à l’appel de Mouwatana contrairement à ce que prétendaient certains milieux. Cependant, on ne peut quantifier le nombre des manifestants ayant répondu à l’appel, tant Alger était encerclée. On n’avait pas une liberté de mouvement et le comportement des services de sécurité a penché en faveur d’une certaine violence vers 15 H. Les arrestations se comptaient peut être par centaines. J’ai été arrêté moi aussi et voici mon récit.
On a dû se mêler à la foule pour pouvoir couvrir les manifestations de dimanche à Alger. Les arrestations se comptaient par centaines. Des journalistes ayant présenté leur ordre de mission et leur accréditation ont été arrêtés et nous sommes témoins de certaines de ces arrestations.
Alger était quadrillée ! Le dispositif de sécurité déployé était, de loin, plus important que celui déployé lors de la marche de vendredi. Il semblerait également que la police ait reçu des instructions pour agir avec plus de fermeté. La foule a été aspergée de gaz lacrymogène des dizaines de fois voir plus. Des personnalités comme le doyen des avocats Me Mustapha Bouchachi et l’avocate et présidente de parti Zoubida Assoul, ont été arrêté alors que dire des autres citoyens.
Les brigades antiémeutes ont dispersé les foules pour les contenir dans des carrés sur les territoires. Au envieront de 15H, la vague de répression à commencé et des manifestants ont été aspergé de gaz lacrymogène au visage avant d’être ramassés pour être jetés dans des fourgons. J’ai était arrêté avec eux alors que je filmais la scène.
En ce qui me concerne, une fois dans le camion, aucune violence n’a été utilisée à mon encontre. J’ai été le premier à avoir été embarqué dans un fourgon qui allait nous emmener au poste de police de Birtouta, à 20 kilomètres au sud d’Alger. J’avais inhalé une bonne dose de gaz lacrymogène. Je respirais difficilement. À l’intérieur du fourgon, le policier m’a ôté ma veste. « Détends-toi. Je t’ai enlevé ta veste pour que tu sois plus à l’aise », m’a-t-il dit. Mon téléphone et ma carte nationale m’ont été confisqués.
Un jeune étudiant arrive ensuite et après lui sept ou huit personnes. Il y avait un médecin réanimateur un autre étudiant qui était pétrifié de peur. Un monsieur d’un certain âge et le reste étaient pour la majorité des jeunes repris de justice.
Ces jeunes-là…je préfère les qualifier de victimes du système compte tenu de leur sens de l’honneur. « Cette fois, je suis descendu crier ma colère pacifiquement. Vous m’avez encore embarqué. Je suis dans toutes les photos ayant été prises aujourd’hui, alors tout le monde saura que je suis un héros », a clamé l’un d’eux en s’adressant au policer.
Avant que le fourgon ne démarre, on a frappé fort en criant « voici un autre ». Un jeune qui a essayé de résister se faisait traîner par deux policiers. Surgissant de nulle part, le sénateur Abdenour Derguini a brandi sa carte. « Je suis sénateur. Relâchez-les, vous n’avez pas le droit de les embarquer, ils manifestaient pacifiquement ».
Le sénateur avait essayé d’arracher le jeune des mains des deux policiers avant que la porte du fourgon ait été ouverte. Il était stupéfait de voir le nombre de personnes embarqué. Il a essayé d’ouvrier la porte pour nous libérer, mais il a été bousculé par la police. J’ai pu, par la suite, voir une photo dans laquelle il était assis par terre complètement abattu!
Avant que le camion ne démarre, ces jeunes dont le casier judiciaire a été « sali » ont protesté avec force pour faire libérer le monsieur qui était avec nous. Le pauvre était exténué les yeux en larme et la peau irritée. C’est l’effet du gaz lacrymogène.
« Tu n’as pas honte ! Il a l’âge de ton père » criait l’un de ces jeunes. « Ferme ta gueule, je sais ce que je fais », répond le policier. Un autre se lève et lui dit « quand on imposera le changement tu seras le premier à descendre applaudir ». Le policier a préféré ne pas réagir.
Le camion démarre. « Où va-t-on ? », avons-nous demandé. Apès avoir ouvert la petite portière, le policier dit : « Au 25e à Bachdjerrah », mais en réalité, il n’en était rien.
Au bout d’un certain moment, on savait que Bachdjerrah était bien loin derrière nous. L’un des deux étudiants, originaire de la wilaya de Jijel et résident à la cité universitaire de Ben Aknoun, a perdu connaissance. Il est devenu raide « c’est une crise de panique affirme le médecin ». Le policier a essayé de le réanimer en l’aspergeant d’eau, mais vainement. Le pauvre était terrorisé. Ses doigts s’étaient tordus.
Une fois encore, c’est ces jeunes des quartiers populaires, ces victimes de la société qui ont réagi. « Tu arrêtes le camion et tu appelles les secours sinon on casse tout et on renverse le camion». Le policier a crié : « vos gueules j’ai prévu de m’arrêter devant barrage de la police à Birtouta ». Le camion s’est effectivement arrêté.
Une fois encore ces jeunes interviennent : « tu laisses le médecin descendre et celui-là avec lui. Il faut qu’ils restent avec «el messghar » (jeune). Ces braves jeunes ont demandé pour que je sois relâché et j’ai été relâché. Le policier a même fini par relâcher le vieux monsieur. Tout s’est passé dans l’urgence et je n’ai même pas eu le temps de les remercier.
Les pompiers sont arrivés et le médecin réanimateur qui est venu pour manifester contre le cinquième mandat a pu porter assistance à un jeune en détresse. Moi j’ai pris le bus pour retourner au centre-ville d’Alger.
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