«L’Algérie est un pays majeur de la langue française»

Entretien réalisé par Mustapha Benfodil Comment est né ce projet autour de la presse francophone et de l’éducation aux médias au lycée Thiers où vous continuez à enseigner ? Je suis arrivé au lycée Thiers de Marseille lors de la rentrée scolaire 2014. Et j’ai tout de suite vu le potentiel de l’établissement en termes d’activités et de projets par rapport à d’autres établissements. Je menais déjà dans mon établissement précédent des activités autour de la presse depuis très longtemps. J’étais à ce moment-là dans l’Académie de Nice. Je faisais cela depuis le début des années 2000. Mais c’étaient des activités très ponctuelles. On en faisait aussi un petit peu pendant la Semaine de la presse qui se tient chaque année, à la fin mars. Quand je suis arrivé à Thiers, j’ai donné forme à un projet un peu plus ambitieux. Au départ, c’était un projet centré uniquement sur la presse française. La première année, on a commencé avec des activités relativement modestes mais centrales sur le métier de journaliste et l’importance de la liberté d’expression et la liberté de la presse. A partir de 2015-2016, on a étoffé le projet jusqu’à la rentrée scolaire 2016-2017 où j’ai commencé à imaginer un projet presse ouvert à la presse francophone. Dans le premier format, il y avait déjà cette idée de journalistes qui viennent parler aux élèves ? Absolument. La grande originalité du lycée Thiers, c’est que, en plus des activités sous le format d’un cours autour de la presse, mes collègues m’ont proposé d’organiser sur une matinée, en gros entre 9h et 13h, deux choses pendant la Semaine de la presse. D’abord une table ronde des journalistes qui prendrait environ 1h30, ensuite, dans la foulée, pendant 1h30, des ateliers encadrés par les journalistes. Exemple d’ateliers : réaliser une «une» de presse, écrire un article de presse, réaliser une interview, un dessin de presse… Et quand on est passé au concept «Presse française, presse francophone», alors, évidemment, le projet a pris une plus grande ampleur puisqu'on s’est attaqué à un sujet qui n’est finalement pas très connu, celui de la presse francophone. Et c’était très intéressant parce qu’il a fallu d’abord travailler sur la notion de «francophonie». Il fallait briser un certain nombre de représentations de la francophonie qui étaient erronées. Voilà en gros la genèse du projet. En parallèle, le rectorat de l’Académie d’Aix-Marseille a lancé le projet Francophonie. Ça, c’est la volonté du recteur Bernard Beignier, de façon à ouvrir un peu plus l’Académie d’Aix-Marseille sur la Méditerranée, qui est sa vocation première, et donc lui donner une ampleur nouvelle ou, pour le dire autrement, renforcer l’ancrage méditerranéen de la région à travers la francophonie. Dès le départ, vous avez pensé à ramener d’autres élèves des pays de la région ? En fait, je ne suis en charge, au niveau académique, du projet francophonie que depuis le 1er septembre 2017. Et il se trouve que l’année dernière, la responsable qui m’a précédé m’a demandé d’entrer dans le projet francophonie quand elle a découvert le libellé «Presse française, presse francophone». ça s’est fait comme ça. Cela a été une rencontre inattendue. Du coup, le lycée Thiers a proposé des travaux autour de la presse française et de la presse francophone, et cette année, c’est toute la cité scolaire Thiers (collège et lycée, ndlr) qui s’est engagée dans ce projet autour de la presse. Peut-on avoir le détail de la participation des élèves par pays ? Au niveau académique, il y a environ 260 élèves impliqués dans 9 établissements de l’Académie d’Aix-Marseille, auxquels il faut ajouter une trentaine d’élèves issus de pays francophones – une trentaine pour l’ensemble des délégations. Au départ, il y avait 9 établissements de l’Académie d’Aix-Marseille : 5 collèges et 4 lycées. Et le principe veut que ces établissements soient mis en partenariat (avec ceux de pays francophones, ndlr). Cela supposait donc qu’il fallait qu’on trouve 9 établissements partenaires. Au début, les pays étaient : le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la Libye, et le Liban, comme l’année dernière. Et puis de nouveaux pays sont entrés : l’Egypte, la Roumanie et le Sénégal. Si on peut zoomer sur l’Algérie, comment qualifieriez-vous cette relation ? Les relations avec l’Algérie sur le plan scolaire et sur le plan de la francophonie sont excellentes, et j’insiste là-dessus. Moi, j’aime bien rappeler que l’Algérie est un pays majeur de la francophonie. Si le mot «francophonie» peut être interprété de plusieurs façons, on va dire que c’est un pays majeur de la langue française. Pour moi, c’est une réalité : il y a vraiment un enthousiasme, un engouement, en Algérie, à l’égard de la langue française. Donc, les relations sont appelées à s’approfondir et à progresser, et on ne peut que s’en réjouir. Je tenais beaucoup, à travers ce projet, à rappeler que la langue française fait partie de notre richesse commune. C’est elle qui va être le vecteur de ces échanges culturels. La langue française est le reflet de la vitalité de l’espace francophone qui est notre espace commun, ce que l’on oublie.

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