Antoine Sfeir : "c’est la femme qui va sauver le monde arabe"

« C’est la femme qui va sauver le monde arabe.» a tranché Antoine Sfeir, journaliste et grand analyste spécialiste du monde arabe samedi dernier devant un public nombreux à la salle de conférences de l’hôtel Sabri de Annaba. L'invité de la ville de Annaba a présenté une conférence intitulée : L’émergence d’un monde nouveau dans le monde arabe. Interrogé par une participante sur le rôle de la femme dans ce nouveau monde, le conférencier  franco-libanais étaye: « Qui a réuni sur la place Belcourt à Alger près de 200 000  personnes durant la décennie noire ? Qui a empêché la drogue de rentrer de l’Iran durant quinze ans de guerre au Liban ? Qui a sauvé la révolution du Jasmin en Tunisie des mains des islamistes d’Ennahda et leur gouvernement? C’est les femmes arabes ». La femme tente même de résoudre le conflit israélo-palestinien dont les initiatives ont été toutes initiées par des femmes. « Elles sont 179 initiatives dans pratiquement tous les domaines qui sont dirigées par des femmes israéliennes et palestiniennes » justifie encore le politologue. Un autre pavé dans la marre que Antoine Sfeir a jeté en pleine conférence portant sur la démocratie des temps modernes. « Depuis six ou sept ans, tout le monde nous parle de la démocratie. Sa seule définition grecque c’est le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple. Si l’une ou l’un d’entre vous est capable de me donner le nom d’un état sur la planète qui obéit à cette définition, je suis preneur, mais je n’en ai pas trouvé » affirme ce grand spécialiste du monde arabe, invité par Bertrand Furic, le jeune directeur de l’Institut Français de Annaba. Pour confirmer son analyse, le président du Centre d’études et de réflexion sur le Proche-Orient a emporté avec lui toute l’assistance à une période lointaine de l’histoire notamment celle des pays arabes. En effet au début des années 60, les coups d’états apparaissaient dans le monde arabe dont les occidentaux les qualifient de "rupture de représentativité". « C’étaient des dictatures militaires pures et simples. C’est le cas du Yemen, de l’Egypte, de l’Irak, de la Syrie…etc. Une émergence qui va être accompagnée d’une vaguelette, puis d’une grand vague pour arriver à un tsunami à la fois islamiste et salafiste » regrette Antoine Sfeir. A partir de là, l’islamisme va affirmer sa volonté de s’emparer des pouvoirs. Quelques pays arabes seront alors contaminés par cette idiologie mais d’autres ont pu y résister. Il en est ainsi de l’Algérie, l’Egypte, la Syrie, l’Irak…etc. « Et si vous avez remarqué nous avons assisté à des troubles dans ces pays en question.  Etonnant, d’autant plus que dans ces quatre pays ce monde nouveau est déjà là. Ce sont des pays qui ont un patrimoine culturel et archéologique qui n’existe pas ailleurs. Ce sont eux qu’on vise. Le monde arabe à ce moment là, est en pleine ébullition » abonde le directeur de rédaction des Cahiers de l’Orient. Après les différentes étapes du terrorisme, le monde a connu le terrorisme religieux avec les attentats du 11 septembre 2001 aux USA. Première croisade déclarée  de George Bush a frappé l’Irak en 2003. Huit ans après c’est le printemps arabe. Préalablement, les ONG américaines ont déferlé sur ce monde. Et voilà que les occidentaux vont inventer un concept nouveau le "devoir d’ingérence" du nord au sud pour préparer un monde nouveau. Ce dernier a commencé avec la Syrie où il a fallu 45 ans pour les occidentaux pour découvrir que les Assad étaient dictateurs. «  Le roi d’Arabie saoudite est-il un démocrate ? Celui du Bahreïn est-il démocrate ? Soyons honnêtes. Le nouveau monde qu’on prépare à nos enfants est totalement chaotique » tranche l’orateur. Dans ce monde sombre, le conférencier est convaincu qu’un nouveau monde commence à  émerger. «  Oui il y a un nouveau monde arabe qui émerge. Il est créé par les jeunes qui sont à 70% des populations. Ils sont en majorité au chômage et qui cherchent à partir ailleurs. Cette jeunesse qui est plein d’allant, d’imagination et d’initiatives est aujourd’hui la chance de nos sociétés. Mais pour cela il faut qu’elle puisse tout simplement s’exprimer non pas par des manifestations mais par la création, par la volonté de remettre au centre l’être humain et ne pas se contenter de le confiner uniquement dans le monde de l’avoir » conclu Antoine Sfeir, longuement ovationné par l’assistance.              

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