Walis au gouvernement : une fausse bonne idée ?

TSA
Walis au gouvernement : une fausse bonne idée ?

Le président Abdelaziz Bouteflika a nommé quatre walis comme ministres dans le cadre du dernier changement de gouvernement intervenu au lendemain de l’installation de la nouvelle Assemblée populaire nationale (APN). Le wali de Tlemcen, Ahmed Saci, a été nommé ministre du Commerce. Celui d’Oran, Abdelghani Zaâlane, est désormais ministre des Transports et travaux publics. Le wali de Blida, Abdelkader Bouazgui, est le nouveau ministre de l’Agriculture. Chorfa Youcef, wali d’Annaba, est désigné comme nouveau ministre de l’Habitat.

Se voir confier la gestion de ces départements ministériels est considéré comme une véritable promotion pour ces walis. Mais est-ce vraiment une bonne chose pour l’administration ou pour les wilayas qu’ils dirigeaient ? Est-ce une bonne nouvelle pour les secteurs qu’ils sont appelés à gérer ? Est-ce qu’ils ont l’expérience nécessaire pour les gérer ? Pourquoi le Président puise régulièrement dans le réservoir des walis ? La nomination de walis à la tête des ministères pose, en réalité, plusieurs problèmes de fond.

Exclut la neutralité de l’administration

Certes, la pratique ne date pas d’aujourd’hui. Abdelmalek Sellal et son successeur à la tête du Premier ministère, Abdelmadjid Tebboune, sont eux-mêmes issus de ce corps. Mais ce qui constituait hier une exception dont bénéficiaient certaines personnalités parmi ces hauts fonctionnaires s’installe peu à peu comme une règle au point où certains dans la classe politique parlent désormais de « gouvernement de walis ». Les derniers remaniements ont tous été marqués par des nominations de walis comme ministres.

Première conséquence : ces hauts fonctionnaires de l’État sont continuellement dans une course pour décrocher une place au sein de l’Exécutif. Pour cela, les walis les plus ambitieux tombent parfois, voire souvent dans la surenchère. Dans ce contexte, l’organisation des élections locales, législatives ou présidentielles devient pour eux une sorte d’examen qu’il faudrait absolument réussir pour espérer la promotion tant attendue.

Comment dès lors peut-on parler de la neutralité de l’administration ? En réalité, cette pratique qui consiste à désigner des walis à la tête de certains ministères exclut, de fait, toute forme de neutralité de l’administration.

Cette politique nuit également au développement au sein des wilayas qu’ils abandonnent pour les ministères. Depuis la semaine dernière, Oran et Annaba sont sans walis. Une situation qui pourrait durer encore longtemps quand on connaît les lenteurs dans la désignation de nouveaux walis. De quoi entraver sérieusement le fonctionnement et le développement de ces deux wilayas.

Le wali connait tout mais ne maîtrise rien

Autre problème posé par l’entrée au gouvernement des walis est celui de l’expérience indispensable pour relancer certains secteurs qui se trouvent aujourd’hui en plein marasme. Le wali qui est dépositaire de l’autorité de l’État au niveau local doit, évidemment, toucher à tous les domaines. Il a le pouvoir de réquisitionner la force publique pour le maintien de l’ordre.

« Mais on dit souvent que le wali connaît tous les domaines mais n’est spécialiste de rien », résume un ancien haut cadre. D’ailleurs, la majorité des walis nommés ces dernières années au gouvernement ont été remerciés, souvent à cause de bilans jugés négatifs.

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